Eric Boka Dédé était un ex-drogué. Il a commencé à fumer cette substance, en 2011 à Yopougon Abidjan. Des années après, cet ancien fumeur de cocaïne regrette les actes posés et pense à sa réinsertion sociale. Il a décidé de faire ce témoignage palpitant, samedi 18 novembre, lors de la journée psychoéducation sur les addictions des jeunes organisée par le Centre de consulting professionnel et de la pastorale clinique (Copac) d’Abidjan.
Comment vous êtes introduit dans ce milieu de la drogue ?
Je me suis introduit dans ce milieu à travers mes amis de l’école, c’est-à-dire nous étions au village et il y avait une cérémonie. Pendant que nous dansions, il (quelqu’un) nous a appelés pour nous faire part d’une chose (la drogue). Nous sommes partis, et il a fait sortir la drogue. C’est ainsi que j’ai demandé, qu’est-ce que c’est ? Il a répondu : « Goûte, tu verras ».
Ce jour, j’ai consommé la drogue ; j’ai énormément mangé. Le lendemain, quand je me suis réveillé, suis allé chez lui. C’est cela la drogue, me demande à moi. C’est ça qui fait réfléchir l’homme etc. Hier, en prenant cette substance, cela m’a fait du bien. Est-ce qu’on peut aller pour en acheter encore ? C’est moi-même qui est donné de l’argent, et nous sommes allés acheter la substance.
Je deviens bizarre, mes lèvres deviennent noires, mon corps change
Vous aviez à peu près quel âge à cette époque ?
J’avais 14 ans.
En fumant cette substance, que retenez-vous comme signes ou conséquences néfastes sur ta santé ?
Je deviens bizarre, mes lèvres deviennent noires, mon corps change. Vous-même vous vous sentiez comme si vous étiez une autre personne. Ton teint change, à la limite, vous devenez sale.
Dites-nous, quand vous prenez la drogue, est-ce que vous réfléchissez mieux que les autres ?
Quand je prends, je réfléchis plus mieux, mais cela me fatigue
Mais quand je fume la drogue, cela peut durer un moment, avant qu’elle me laisse. Quand je prends, je réfléchis plus mieux, mais cela me fatigue. Ma tête et mon idée ne sont pas à l’école. Je suis dans le besoin de rechercher des gains faciles, acheter et fumer encore.
Quand vous prenez, retenez-vous mieux ou comment ça se passe ?
Non, je ne retiens pas mieux.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous retirer de ce milieu de la drogue ?
C’est la souffrance. J’ai perdu beaucoup de chances. Les gens, avec qui j’étais, m’ont rejeté. Cela m’a beaucoup touché. Il y a aussi les injures qui démoralisent. Des gens vous insultent, cela vous blesse le cœur. Quand j’ai subi tous ces courroux, j’ai décidé de rompre cette pratique.
Aujourd’hui, vous ne fumez plus…
Cela fait exactement deux mois, que je ne fume plus. Toute à l’heure, je disais que ma famille m’a rejetée. Au début, j’ai été sensibilisé sur ce phénomène. Ma propre grande sœur paye mes habits. Le jour, elle a su que je fumais la drogue, elle fut énormément affectée.
C’est ainsi que j’ai pris la décision de comprendre ma mère et de poser de nouveaux actes
En retour, je me suis disputé avec elle. Ils ont décidé de me laisser seul avec ma mère. Parce que dans leur entendement, je ne puis changer. Seule ma mère m’a prodigué des conseils, elle était à mes côtés. Toujours, elle parlait avec moi. C’est ainsi que j’ai pris la décision de comprendre ma mère et de poser de nouveaux actes.
Continuez-vous d’aller à l’école, et vos amis avec lesquels vous consommiez?
Au quartier, c’est juste des civilités. Je préfère rester désormais dans mon coin pour prier. Quand je suis à la maison, j’ai mon chapelet, je médite constamment. Quand aussi je sors, je pars à l’église. Je n’ai vraiment plus de relations avec eux.
Vos amis ne voient-ils pas comme un ennemi, aujourd’hui ?
Si. Ils me voient comme leur ennemi. Parce que je ne suis plus dans leur camp.
Vous avez parlé de prières. Qu’est-ce que Dieu a fait pour vous réellement ?
J’ai parlé avec Dieu. La seule chose que j’ai demandée à Dieu : La foi. Seulement la foi pouvoir tenir. Je constate qu’il m’a donnée cette foi.
Avez-vous des conseils à donner à vos frères, qui sont encore dans ce milieu ?
Oui, avant-hier, je partais à l’église ; je leur donné des conseils. Certains m’ont écouté d’autres non. Parmi eux, certains ont prédit ma future folie. A chaque fois que je sors, dès que je rencontre un jeune du quartier, je lui parle de ça. Dans mon quartier, tous ceux qui fument la drogue, ont laissé l’école. Je cherche aujourd’hui à aller au village pour leur prêcher la bonne nouvelle, la délivrance de cette substance nocive pour la santé humaine.
Etant donné que vous êtes sorti du chemin de la drogue, qu’est-ce que vous pouvez dire à votre mère ?
Je lui dis qu’elle est tout pour moi. Je la remercie pour ce qu’elle a fait pour moi, son fils. Où elle est, je la remercie de tout cœur.
Réalisée par
Magloire Madjessou