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Violences basées sur le genre : « Au Gabon, les nourrissons de 6 mois sont violés », dixit Bang Gina

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La conférencière Bang Mwé parle des abus sexuels et les pratiques mystiques /Ph Credo

Depuis jeudi 16 juin 2022, se tient une conférence internationale sur les violences basées sur les enfants et femmes en Afrique. Bang Mwé Gina, psychologue et conférencière intervenant à cette rencontre, a fait des révélations les plus troublantes sur les violations dans son pays, le Gabon.

Bang Mvé Gina est psychologue à l’Université Omar Bongo du Gabon a soutenu qu’, « au Gabon, même les nourrissons de six mois sont violés et parfois par leur géniteur ». La psychologue a fait cette déclaration lors d’une conférence qu’elle animait à l’Institut de théologie de la compagnie de Jésus (ITJC) sur le thème, ‘’ Violences sexuelles sur les enfants de 0 à 11 ans au Gabon : entre facteurs explicatifs et les traumatismes psychologiques ‘’. 

Bang Mvé Gina a expliqué que les parents abusent de leurs nourrissons sans vergogne pour des raisons liées à des pratiques mystiques ou à la culture. « Mais ces abus sexuels ne sont pas très vulgarisés parce qu’ils sont commis par des membres de la famille ou sur des personnes qui n’ont pas la possibilité de les dénoncer », a déploré la conférencière.   

Mais ces abus sexuels ne sont pas très vulgarisés parce qu’ils sont commis par des membres de la famille 

Selon elle, dans son pays, les cas de viols sur les mineurs sont devenus monnaie courante. Ce crime ne date pas d’aujourd’hui, mais cela se passait au su et au vu de tous sans que les abuseurs soient inquiétés. C’est en 2006 que le gouvernement a véritablement décidé de combattre ce fléau. « C’est ce qui justifie le fait que c’est à partir de 2006 que l’on trouve des statistiques sur ce phénomène », a-t-elle indiqué. Ainsi de 2006-2007, 44 cas de viols collectifs, ainsi que 08 cas d’incestes, 22 cas de viols aggravés et 27 cas de viols à la pudeur. L’âge des sujets violés varie de 10 mois à 11 ans, tandis que l’âge des abuseurs varie de 18 à 73 ans. Les violeurs sont des personnes mariées comme des célibataires.

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Ils sont des inconnus comme des personnes proches de la victime, mais ces statistiques ne sont pas exhaustives car nombreuses sont les victimes qui refusent de dénoncer leurs bourreaux par peur ou pour préserver la dignité de la famille. Selon une récente étude qu’elle a menée dans une région de son pays, la psychologue s’est rendu compte que les sujets beaucoup victimes des abus sexuels sont les nourrissons de six mois et plus.  

Dans le but de freiner, mais aussi de prévenir ce fléau, il a été créé depuis dix ans au Gabon, l’Observatoire des droits des enfants. Malgré l’existence de cette structure, le pays ne dispose toujours pas de stratégies pour encadrer les enfants victimes des abus sexuels. Leur prise en charge est nonchalante, a décrié la conférencière.

L’oratrice a fait cette communication lors de la Conférence internationale organisée par le Centre de Counseling professionnel et de pastorale clinique (Copac) sur le thème, ‘’Violence et abus sexuels sur les enfants et sur les femmes en Afrique’’.           

Avant son intervention, les participants à ces assises ont eu droit à des conférences traitant tous de problèmes liés aux abus sexuels en Zambie, au Cameroun, etc. Chaque intervenant a dépeint la situation relative à son pays. Les communications ont été suivies de questions. A la fin des travaux, les participants donneront aux gouvernants des pistes de solutions, en vue d’éradiquer ce mal dans les pays africains.

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Les Jésuites qui organisent ces assises espèrent participer ainsi au bon rayonnement de la société en y apportant des solutions pour répondre aux maux qui la minent. Ils espèrent répondre ainsi à l’appel du Pape en ce moment, où l’église est engagée dans le synode de la synodalité. Signalons que de nombreuses femmes de l’Association des femmes chrétiennes (Afec) participent à cette conférence internationale. 

Aka Ahoussi

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