Pourquoi les jeunes en Côte d’Ivoire s’adonnent-ils à cette pratique de fumer ou consommer la chicha ou la cigarette, alors que les chiffres fournis par la Convention-cadre de l’Oms pour la lutte antitabac (CCLAT), adoptée en 2003, inquiète encore la planète ? On parle de plus de 8 millions de morts chaque année, dans le monde, et en Côte d’Ivoire 5000 cas de décès liés à la consommation du tabac. Dans les maquis et bars, ils en raffolent à souhait. Pourtant, elles comportent des risques de santé grave sur l’individu.
Selon la Convention-cadre de l’Oms de la lutte anti-tabac (Cclat), l’épidémie de tabagisme est l’une des plus graves menaces sur la santé publique mondiale. Toujours selon cette organisation Cclat, elle fait plus de 8 millions de morts chaque année dans le monde, dont environ 1,2 millions de non-fumeurs involontairement exposés à la fumée. Sur 1,3 milliard de fumeurs dans le monde, plus de 80% vivent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Ainsi, selon le même rapport de la Convention cadre de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) de lutte antitabac, en 2020, 22,3% de la population mondiale consommait du tabac-36,7% des hommes et 7,8% des femmes dans la planète.
Parlant des différentes formes de tabac, elles sont toutes nocives pour la santé mondiale. De plus, il n’y a pas de seuil en dessous duquel l’exposition est sans danger.
Ces chiffres évoqués plus haut donnent des sueurs froides à devant tout commentaire et celui qui les lis. En effet, avec ces chiffres, on voit une progression significative et alarmante du contexte dans lequel le monde consomme ce tabac à outrance, alors que les mesures sont prises chaque année par les gouvernants de nos pays pour endiguer ce phénomène mondial, et surtout faire réduire les risques de menaces sur le monde entier.
Allons-nous assister impuissamment à la disparition de la planète, si les gouvernants ne prennent pas de mesures draconiennes pour éviter cette disparition de la population mondiale ? Cette question ou problématique reste à répondre par tous, y compris le fumeur de la cigarette ou la chicha.
Cigarette et chicha, des dangers ?
La chicha et la cigarette sont des substances appartenant au groupe de tabac. Ces effets, quoiqu’on dise sont néfastes pour la santé humaine. Selon la Cclat, on en dénombre 4000 substances chimiques dans la fumée du tabac. Cette dangerosité de la fumée nous amène à nous interroger et à faire beaucoup attention à ces cigarettes ou chicha que nous consommons à souhait, aujourd’hui, en Côte d’Ivoire.
La chicha se présente sous la forme d’une pipe à eau en haut de laquelle un foyer est présent. Sur celui-ci est déposé du tabac à chicha, le tabamel, qui est une forme mélangée de tabac, de mélasse et d’arômes.
Par-dessus, une feuille de papier aluminium trouée ainsi qu’un charbon sont placés pour permettre d’allumer la chicha et de brûler progressivement le tabac.
La combustion du tabac dégage alors de la fumée qui va descendre le long de la cheminée de la chicha, et être refroidie au fond de la pipe à eau par son passage dans le liquide. La fumée remonte alors sur le côté de la chicha, via le tuyau puis l’embout par lequel aspire le fumeur.
Cette explication est donnée par le site info.medadom.com Quant à la cigarette, qui est aussi une forme de tabagisme, et selon une étude du chu-besanson.fr, révèle qu’à chaque bouffée de cigarette, la fumée inhalée fait pénétrer dans votre corps une multitude d’éléments toxiques dont:
- la nicotine, dangereuse surtout par ses effets sur le système nerveux et responsable de cette impression de « manque » ressentie par le fumeur qui s’arrête ;
- les goudrons, principales substances à l’origine des cancers ;
- l’oxyde de carbone qui prive le sang d’une partie de l’oxygène essentiel à notre vie.
Ce mélange entre dans l’organisme par le nez ou la bouche, l’inonde progressivement de ses substances dangereuses. D’abord véhiculé par l’air respiré, il atteint successivement le larynx, la trachée, les bronches, les poumons. Puis le sang, à son tour, le distribue à toutes les cellules du corps.
Interrogé par Credochristi.com, Dr Eudoxie Djegbeton, Assistante chef clinique en pneumologie au Chu de Cocody Abidjan, a expliqué le processus de la vente de la chicha et les dangers qu’encourent les clients. « C’est du tabac. Les mêmes dégâts créent la cigarette sont aussi créés par la chicha. A côté du tabac, il y a du combustible, qu’on y ajoute, qui augmente la toxicité », a expliqué Dr Djegbeton.
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Pour les consommateurs de ces produits du tabac, ils disent en les consommant, ils y trouvent des envies fortes, réduise le stress ou augmentent leur plaisir sexuel. A ce propos Dr Djegbeton ne va pas part le dos de la cuillère, en affirmant qu’ il y a plus de substances qu’il ajoute au tabac, qui sont dans la chicha. « Ce sont ces substances qui donnent l’effet que les consommateurs recherchent. Donc, chaque vendeur ajoute ce qu’il trouve intéressant, par exemple, pour la population ».
Selon Dr Nestor Koffi, chargé des études au Programme national de lutte contre le tabagisme (Pnlta), à Abidjan, explique que les consommateurs de la chicha se passent l’embourd, or la personne peut être souffrante de la tuberculose, du Vih etc. « Vous vous mettez en danger », dit-il.
« La chicha, souvent c’est plus d’un paquet de cigarettes mis à l’intérieur. Une bouffée peut correspondre à 20 paquets de cigarettes et même plus. Donc, il y a un problème. La fumée secondaire est très riche en élément toxique: carbone, dioxyde de carbone, et vous comparez cela à une bouffée de plusieurs cigarettes, en même temps. Point besoin de faire des études pour savoir que cela est toxique », explique Dr Koffi Nestor.
En tant que spécialiste, Dr Koffi estime que les senteurs, comme le tabac, le canabisme et autres senteurs dont on ignore la toxicité, dans la chicha. « Il court plus de risques en consommant la chicha »
A en croire Dr Koffi, la lutte contre le tabac repose 50% sur les textes de loi. Mais du travail est en train de faire en amont, avant que le gouvernement ne prenne des actions.
Déliquescence des familles
En 2022, Dr Ernest Zotoua, directeur-coordinateur du Programme national de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme et les autres addictions (Pnlta), a souligné sur le site L’Avenir que la Côte d’Ivoire enregistre chaque année, 5000 décès liés à la consommation du tabac.
Mais des études ont été faites dans ce cadre par des personnes ou structures sur le taux de prévalence de la consommation du tabac sur toutes ces formes. Selon une étude réalisée par Prao Yao Séraphin, Maître de conférences en économie à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, soutient que l’abus du tabac aggrave la pauvreté parmi les fumeurs et leurs familles.
Il soutient que le tabagisme affecte économiquement les familles dont l’un des membres fume ou chique du tabac à plusieurs niveaux. Notamment, par l’argent dépensé par le fumeur pour se procurer en produits du tabac, les coûts des soins de santé, quand ce dernier contracte une maladie liée au tabagisme, surtout les conséquences économiques qui surviennent après la mort prématurée du fumeur durant les années productives.
« En Côte d’Ivoire, le tabagisme a un coût sociétal estimé à 261 millions de dollars par an, soit plus de 130 milliards de F CFA. Cette estimation inclut le coût direct des soins de santé et de la perte de productivité due à la mortalité et à la morbidité résultant du tabagisme. À ce coût sociétal, s’ajoute un coût humain qui, en 2018, était de 9.000 décès attribuables au tabac. (…) Le tabagisme est incriminé dans 90% des cas de cancers de poumon », alerte-t-il.
Selon une Enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel (Ensesi 2016), indique qu’une opération dénombre 525 072 personnes qui fument sur 6 105 362 personnes enquêtées soit 8,6%. Parmi cette sous population, on compte 4,5% d’hommes et 5,5% de femmes. Les fumeurs de tous les produits confondus sont plus fréquents en milieu rural. Selon Ensesi 2016, la grande majorité des fumeurs au quotidien sont de 87%.
Ce qui est encore alarmant, cette étude, sur les adolescents en Côte d’ivoire, donne des proportions. Chez les 13-15 ans, le taux de prévalence de la consommation du tabac est de 19%, et seront déjà des fumeurs.
Deux décrets ivoiriens, leurs sens
En Côte d’Ivoire, des lois et décrets ont été pris pour réguler le secteur de la consommation du tabac. Ces décrets de 2012 et 2019 sont part moments respectés par des agents ou autorités chargés de les faire respecter, dans tous ces compartiments. Mais, hélas, ces décrets s’ils couvrent tout le pays, semblent ne pas être totalement appliqués dans le fond.
Des personnes ou clients foulent au pied ces mesures ou lois prises par l’Etat. Depuis leur mise en exécution, en Côte d’Ivoire, ces décrets ou lois, n’ont jamais effrayé où faire peur à quiconque. Voici, tout de même leurs teneurs et leur efficacité.
Selon l’article 2 du décret 2012, fumer : « le fait de détenir ou d’utiliser un produit du tabac allumé, que la fumée soit ou non activement inhalée ou exhalée ». Par contre, l’article 3 dit, en outre : « Il est interdit de fumer dans les lieux publics et dans les transports en commun ». Ce décret-ci n’est pas sanctionnable, mais prévoit des ressources pécuniaires, pour celui qui enfreint à la loi.
Pour le décret de 2019, il prévoit les mêmes sanctions mais élève les montants de façon significative. Tout ceci pour faire peur au contrevenant qui voudrait enfreindre aux différentes lois promulguées.
Magloire Madjessou
madjessoum@yahoo.fr