Après avoir reçu ses deux passeports, Laurent Gbagbo a saisi Assoa Adou, afin de mettre sur pied un comité pour organiser sa venue.
Le vendredi 4 décembre, Laurent Gbagbo, l’ancien président Ivoirien, qui vit en résidence surveillée en Belgique depuis son acquittement le 19 Janvier 2019 a reçu ses deux passeports de la part des autorités ivoiriennes. Laurent Gbagbo qui, depuis le 28 mai 2020, bénéficie d’un allègement des mesures restrictives à lui imposées pouvait se rendre dans tous les pays reconnaissant la CPI.
A ce titre Laurent Gbagbo, dès le mois de juin, par le biais de la CPI a saisi les autorités ivoiriennes pour leur faire part de sa volonté de regagner son pays. Malgré les démarches, Abidjan n’a donné aucune suite favorable à cette demande. Fatigués d’attendre, Laurent Gbagbo s’est rendu lui-même en juillet à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Bruxelles en vue de demander l’établissement de cette pièce administrative.
Cinq mois après cette demande, les autorités d’Abidjan envoient des émissaires à Bruxelles le 28 novembre pour tenter de faire des promesses à Laurent Gbagbo. Il lui ait promis de regagner Abidjan dans un avion présidentiel à condition qu’il reconnaisse le troisième mandat d’Alassane Ouattara. Une proposition que Laurent Gbagbo a jugé absurde en affirmant « Je ne négocierai jamais mon retour en Côte d’Ivoire avec une contrepartie qui déshonore la dignité du peuple ivoirien. Je rentrerai dans mon pays sans ou avec un passeport ordinaire », avait-il indiqué sous un air coléreux ?
Une semaine après cet incident, à la grande surprise de tous, les passeports de Laurent Gbagbo lui sont remis par les autorités d’Abidjan. Une fois en possession de ces documents, l’ancien président Ivoirien a exprimé par la voix de Me Habiba Touré, son avocat, sa volonté de rentrer le plus tôt à Abidjan. » Le président Gbagbo veut rentrer dès la semaine prochaine.
De plus sa condamnation par contumace par la justice ivoirienne à 20 ans de prison, est un argument pertinent pour que le président Gbagbo puisse rentrer et s’expliquer », a-t-elle indiqué.
Les préparatifs de l’accueil
L’acquisition de ses passeports a réjoui l’opposition Ivoirienne ainsi que la population toute entière. Mais cette fois-ci les ivoiriens se sont abstenus de s’adonner à des scènes de liesse populaires comme ce fut le cas le 19 janvier 2019 date à laquelle il a été acquitté par la Cpi.
En effet ce jour-là, les ivoiriens ainsi que tous ceux qui ont approuvé le combat de Laurent Gbagbo ont jubilé dans toute la Côte d’Ivoire comme partout dans le monde. Mais leur joie a été de courte, suite à l’appel formulée par la procureure Fatou Bensouda.
Le 28 mai 2020 après l’assouplissement de ses conditions de détention, ses partisans ont fait imprimé un pagne à son effigie pour célébrer son accueil.
Là encore, ils ont été déçu parce qu’il n’a reçu de la part du gouvernement d’Abidjan ses documents administratifs pour pouvoir voyager. Il a fallu qu’il tape du point sur la table afin que le monde voit une fois encore l’injustice qui se passe contre lui pour que le président Alassane Ouattara accepte de signer et lui remettre ses documents qui lui reviennent de droit.
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Une fois rentrée en possession de ses passeports, Laurent Gbagbo a saisi Assoa Adou le SG de son parti pour organiser son retour. Assoa Adou dans les jours à venir va rentrer en contact avec les autorités ivoiriennes à cette fin. Pour le n°2 de ce parti, le plus important c’est de bien organiser la venue de son mentor. C’est également la préoccupation de tous les cadres du FPI dont Simone Gbagbo, de l’opposition et de toute la population en générale.
Selon des informations de bonne foi, Laurent Gbagbo doit bénéficier de voitures de commandement, d’une garde rapprochée. Il doit être traité comme un ancien chef d’Etat comme le prévoit la Constitution.
La bataille pour s’approprier sa venue
Au lendemain de la réception de ses passeports, Me Habiba Touré a qualifié cet événement d’épiphénomène. Des propos qui n’ont pas plu au Rhdp. Car pour le parti au pouvoir, la remise des passeports à Laurent Gbagbo est une volonté d’Alassane Ouattara d’œuvrer pour la paix. Et cette action est un acte majeur pour décrisper l’atmosphère en Côte d’Ivoire.
Un point de vue que ne semble pas partager Simone Ehivet Gbagbo. Pour elle, la remise des passeports à Gbagbo est juste » un tout petit pas » vers la décrispation de la situation socio-politique en Côte d’Ivoire. S’exprimant sur France 24 au lendemain de la remise des documents à son époux, elle a souligné » on attend plus de Ouattara » que la remise des passeports.
Abidjan, le pouvoir se réjouit de contribuer à la facilitation de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Tandis que pour l’opposition, le pouvoir ne joue aucun rôle à ce niveau. Après son acquittement Laurent Gbagbo mérite de venir chez lui, c’est tout.
Aka Ahoussi