La crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, qui a opposé le président Laurent Gbagbo et le candidat du Rdr, Alassane Ouattara, après les élections, livre ses secrets. Détonations, explosions et discussions. Le ministre des Affaires étrangères sous Gbagbo, Alcide Djédjé, a accordé une interview au journal L’Avenir, dans lequel il retrace les péripéties de cette longue crise et accuse l’entourage, notamment Simone Gbagbo.
A la fin des élections d’octobre 2010, les deux camps réclamèrent chacun la victoire. De cette victoire s’en suit une crise. Le président sortant appelant aux recomptages des voix, quand l’autre candidat dit non. Cette crise a occasionné des morts et de milliers de blessés.
Dans cette interview accordée au quotidien l’Avenir, le ministre des Affaires étrangères sous Gbagbo, Alcide Djédjé, revient sur cette difficile crise politique, qui a endeuillée des milliers de familles ivoiriennes.
Au cœur de cette médiation avec l’ambassadeur de France, le ministre Djédjé, dans la nuit du 4 au 5 avril 2011, selon lui, le principe de cette médiation a été rejetée par certaines personnes de l’entourage du président Gbagbo. « J’ai été prié de quitter la résidence par la Première dame, Simone Gbagbo. Elle a estimé qu’il ne fallait plus que je continue de travailler sur ce dossier. Je suis parti, mais je suis revenu à la demande du président Laurent Gbagbo », affirme-t-il.
Malgré les appels de l’avocat Jeannot Ahoussou Kouadio sur la grave situation, vu qu’il y avait des morts qui jonchaient les rues et autres, le ministre Alcide Djédjé était impuissant face à ces évènements. En dépit de cette médiation faite par Soro Guillaume, Choi Young Jin, Dogbo Blé, avec l’ambassadeur de France, il n’a pas pu présenter le contenu de ce qui avait été dit, lors des négociations.
Lors de la médiation, dit-il, j’ai demandé au président Gbagbo que je puisse me rendre à la résidence de l’ambassadeur de France pour les négociations. L’accord a été donné par le président, mais il eut quelques réticences de son entourage. « J’y suis allé avec l’ambassadeur Koné Boubacar. Les propositions qui étaient faites par la France, étaient que toute la famille, et tous les collaborateurs du président qui étaient à la résidence puissent être exfiltrés pour être emmenés dans un pays que le président Gbagbo aurait choisi pour exil », précise le ministre.
Mais avant, le président Gbagbo, selon les négociations amorcées, devrait indiquer par « écrit qu’il renonçait au pouvoir avant de partir ».
A l’en croire, entre le 5 et 11 avril, « ce sont les armes qui ont continué à parler avant que le président ne soit arrêté ». Pour lui, au moment où crépitaient les armes, c’était une atmosphère d’insécurité totale qui régnait autour de la résidence.
Magloire Madjessou