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Environnement: La maison écologique, une solution alternative

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La résidence de Zouma-Bi (vue de façade) /Ph Credo

Dans les régions tropicales, la chaleur provoquée par le réchauffement climatique a un impact sur l’ambiance au sein des habitations. Pourtant, il existe une solution à cette condition de vie suffocante : la maison écologique. Notre reportage met en lumière les particularités de cette nouvelle façon de se loger, à la fois économique et écologique.

Située au quartier résidentiel de Djibi village, dans la commune d’Abobo, la villa de Zouma-Bi, un fonctionnaire à la retraite, présente un aspect différent des autres résidences du quartier.

Toutes les constructions de ce nouveau quartier ont été réalisées en agglo-ciment, tandis que sa résidence de quatre pièces est faite avec des Briques de Terre Comprimée Stabilisée (BTCS), faisant de sa résidence construite avec du matériau naturel, une maison écologique.

Entourée d’une clôture autour de laquelle se trouvent de belles fleurs donnant un bel aspect environnemental à la cour, la résidence de Zouma-Bi bâtie sur une superficie de 133 m2  est faite de BTCS vernies de couleur ocre-jaune, encadrées par des bandes crépies en beige clair. Avec une toiture recouverte de tuiles, cette maison présente plusieurs avantages.

Les maisons écologiques, des résidences anti balistiques

Cela fait six ans que Zouma-Bi réside dans cette maison écologique qu’il a réalisée à Djibi Village. Il rassure qu’il ne fait pas chaud à l’intérieur car ces maisons sont des isolateurs agro-thermiques. L’intérieur de ces maisons est constamment glacé, soutient-il.

« S’il ne fait pas chaud, c’est que ces maisons préservent de la maladie parce que c’est la chaleur qui est souvent à la base des maladies », soutient-il. Zouma-Bi ne manque pas non plus de vanter la qualité du matériau utilisé pour la réalisation de la bâtisse. Selon lui, les BTCS sont des briques solides qui « pèsent 12 kg et se solidifient plus avec le temps, faisant donc des maisons écologiques, des réalisations très solides ».

Vantant les qualités de ces maisons faites à base de terre, elle  indique que ces réalisations écologiques sont respectueuses de l’environnement…

Mme Nobout Marina, directrice générale d’Ohel International, l’entreprise ayant construite la résidence de Zouma-Bi confirme les propos de ce dernier. Vantant les qualités de ces maisons faites à base de terre, elle  indique que ces réalisations écologiques sont respectueuses de l’environnement et moins chères. Avec les maisons faites en BTCS, c’est une économie de 30 % sur les gros œuvres, révélera-t-elle.

« En plus, ces maisons vertes sont iso-thermiques avec une bonne température à l’intérieur. Elles sont également isophoniques, anti balistique c’est-à-dire que les balles ne peuvent les traverser. Elles sont aussi sismiques, c’est-à-dire qu’elles résistent au séisme », détaille-t-elle.  

La résidence de Zouma-bi construite en BTCS/Ph Credo

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En plus d’être une réponse au problème des changements climatiques, les maisons vertes se présentent comme une anticipation à toutes les calamités naturelles qui frappent la planète. C’est jaugeant de l’utilité de telles maisons que, depuis 2010, Nobout Marina a fait le serment de bâtir les maisons écologiques pour faire front au changement climatique et permettre aussi aux populations modestes de vivre dans de bonnes conditions.

Une cité écologique, le rêve de Nobout

Après dix ans d’expérience dans une entreprise immobilière, Mme Nobout Marina, femme ambitieuse, décide de s’installer à son propre compte, mais avec pour objectif d’apporter une innovation importante dans le domaine des BTP. Avec sa structure Ohel International créée en 2010, elle s’investit dans la construction des maisons écologiques.  

En quinze (15) années d’existence, elle a son actif la réalisation de 200 logements à Hiré, trois (3) complexes hôteliers à Soubré, ainsi que des écoles et des foyers des jeunes à Didiévi et à Soubré. Des logements pour infirmiers et instituteurs et des écoles maternelles ont été également réalisés à Toumodi et Dimbokro. Ohel International, entreprise verte se félicite d’avoir construit le plus grand complexe sportif de l’Afrique de l’Ouest situé à Brofodoumé, sur la route d’Alepé.

Elargir son champ d’actions dans plusieurs villes du pays, tel est l’objectif de cette entrepreneure chevronnée dans le bâtiment. Pour atteindre son objectif, Nobout Marina, qui ne bénéficie pas de l’aide de l’Etat, rêve, toutefois  de réaliser une cité verte.

Mme Nobout Marina voit en cette cité témoin la clé de voûte pour booster son secteur d’activités

Selon elle, la cité écologique sera comme l’appât qui va séduire les Ivoiriens et les emmener à adopter les maisons vertes comme une solution pour faire face aux problèmes de chaleur dans les maisons. Mme Nobout Marina voit en cette cité témoin la clé de voûte pour booster son secteur d’activités.

Aussi a-t-elle mis en place d’autres stratégies pour valoriser son activité, en l’occurrence le concept ‘’ Nobout, reine des bâtiments écologiques’’. Selon elle : « Nous savons que nos villages sont administrés par des rois et des reines qui sont beaucoup écoutés par leurs populations ».

En impliquant les détenteurs des us et coutumes des villages dans son projet, elle espère atteindre une grande partie de la population et l’amener à adhérer à l’idée de vivre dans des maisons vertes. Ce qui va contribuer à valoriser « ce que nous avons, le ‘’Made in Côte d’Ivoire’’, voir le ‘’Made in Afrique’’ », assure-t-elle.

 « Nous avons la terre chez nous, il est important de développer nos villages, nos villes avec la terre », soutient l’entrepreneuse.  Selon elle, vu la montée de la chaleur en Côte d’Ivoire, « d’ici deux ans, les maisons écologiques vont s’imposer aux populations ivoiriennes comme une solution pour faire face aux changements climatiques ».

Les maisons  vertes, une vraie solution aux changements climatiques ?   

Pour Mme Tanoh Florence, experte en genre et développement, même si les  maisons écologiques occupent une place importante dans la lutte contre les changements climatiques, à elles seules, elles ne peuvent pas éliminer les gaz à effet de serre (GES) de l’atmosphère.

l’ex immeuble Pyramide au Plateau, une œuvre écologique/Ph Credo

L’experte indique que conçues pour être écoénergétiques, les maisons écologiques utilisent moins d’énergie fossile. Ce qui réduit leur empreinte carbone. Avant d’ajouter que les maisons vertes « sont souvent construites avec des matériaux durables, recyclés ou à faible impact environnemental. Cela limite l’extraction de ressources naturelles et les pollutions liées à la production de matériaux traditionnels comme le béton ou le plastique.

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Ces maisons intègrent des systèmes d’isolation performants, des fenêtres à double ou triple vitrage, et des appareils électroménagers à basse consommation. Cela permet de réduire les besoins énergétiques tout en améliorant le confort des habitants. Elles sont équipées de panneaux solaires, de pompes à chaleur, ou d’éoliennes domestiques, ce qui permet de produire de l’énergie propre sur place ».

Nobout Marina, objectif : combattre les changements climatiques par les maisons vertes/Ph DR

En somme, « les maisons écologiques ne sont pas seulement bénéfiques pour l’environnement, elles sont aussi plus saines pour les habitants, plus économiques à long terme, et constituent une réponse concrète et durable à l’urgence climatique », a souligné l’experte.

Elle fait remarquer que « les maisons écologiques ne vont pas complètement éliminer les gaz à effet de serre  (GES) à elles seules, mais elles peuvent clairement aider à les réduire de manière significative ».

Même si les maisons vertes contribuent considérablement à la réduction des gaz à effet de serre (GES), selon Mme Tanoh Florence, « pour avoir un vrai impact national, il faudrait que cette approche soit largement adoptée, pas juste par une minorité. Et ça suppose aussi de repenser les transports, l’industrie, l’agriculture,… ».

Ahoussi Aka  

Encadré 1

Les entreprises vertes laissées pour compte ?

Même si au ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme (MCLU), la réalisation de telles maisons ne constitue pas une priorité, tel n’est pas le cas au ministère de l’Environnement, du développement durable et de la Transition Écologique (MINEDDTE).

Selon Dr Eric-Michel Assamoi, directeur de la lutte contre les changements climatiques et de la transition écologique au MINEDDTE, « Le ministère apporte une assistance à la mobilisation financière à ces entreprises à travers la facilitation d’accès à la finance climatique via le Fonds Vert pour le Climat (FVC), le Fonds d’Adaptation (FA) et le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et aux mécanismes du Marché Carbone à travers le Bureau Marché Carbone (BMC) créé en Août 2024 », a-t-il précisé.

Donc il serait judicieux pour Mme Nobout Marina qui est à la recherche de partenaires pour réaliser une cité verte de s’adresser à ces institutions pour bénéficier de l’aide de l’Etat ivoirien.  

Outre la facilitation des financements verts, le ministère en charge de l’Environnement promet les maisons écologiques à travers l’encouragement des matériaux durables, la sensibilisation et éducation et les partenariats avec les entreprises.

Aussi, en Côte d’Ivoire, avant les réalisations de Nobout Marina, des maisons écologiques existaient déjà, a indiqué Dr Assamoi. Parmi ces maisons figurent la pyramide du Plateau construite par l’architecte italien Rinaldo Olivieri entre 1970 et 1973 ; le pavillon de Bamboo  et l’église d’Assinie Mafia réalisés par Koffi & Diabaté,  le Centre commercial Cosmos de Yopougon, etc.

A.Aka

ENCADRE 2

Initier les femmes à l’entrepreneuriat

Première  femme ivoirienne à avoir créée une entreprise exerçant dans l’écologie en Côte d’Ivoire, Nobout Marina, lauréate de plusieurs prix internationaux et nationaux a décidé d’initier toutes les femmes ou les jeunes filles qui le désirent aux métiers du BTP et singulièrement à la réalisation des maisons écologiques.

Pour atteindre son objectif, elle a créé une fondation dénommée Green Fondation qui a pour but de sensibiliser la junte féminine à cette fin.

Cette entrepreneure, respectueuse de la nature a également créé un groupement de femmes dénommée ‘’ Lady Green’’ (Les femmes vertes). Se mettre à l’école de Nobout Marina, tout en apprenant à travailler, être autonome et tout en considérant la nature, tels sont leurs objectifs.  

AA

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