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Intelligence économique : Des experts ivoiriens se penchent sur les nouveaux rapports financiers entre la Côte d’Ivoire et l’AES

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Intelligence économique/Ph DR

Les coups d’Etat militaires survenus au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Les sanctions de la Cedeao à l’encontre de ces trois pays, la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et surtout l’annonce de la sortie des pays membres de l’AES de la Cedeao ont redistribué la cartographie commerciale de la sous-région ouest africaine. Vendredi 15 mars 2024 a eu lieu dans un hôtel de Cocody Abidjan le thème central : « La Côte d’Ivoire et l’AES, quelle nouvelle cartographie commerciale ? ».

Cette recomposition du paysage économique de l’espace Cedeao a servi de prétexte à l’organisation du premier Café de l’Intelligence économique de l’institut de Stratégie d’Abidjan (ISA). Le premier sous-thème développé par Sadia Zouzou, expert en Intelligence économique, intitulé : « Côte d’Ivoire-AES, dépendance et interdépendance commerciale ».

Abordant la question, l’orateur a d’emblée indiqué qu’en dépit des incompréhensions, aucun Etat ne peut vivre en vase clos. Il a, à cet effet, rappelé les liens étroits entre la Côte d’Ivoire pays côtier et ceux de l’hinterland du font qu’aucun d’entre eux au cours de l’histoire n’ait jamais démontré sa capacité à se passer de l’autre.

C’est ainsi que la Côte d’Ivoire dépend fortement des pays du Sahel pour ses besoins en protéine animale. Ces derniers sont eux aussi liés par l’absence de façade maritime les obligeant à faire recours au port d’Abidjan.

Par ailleurs, grâce à ses nombreux barrages hydroélectriques, la Côte d’Ivoire est l’un des principaux fournisseurs d’énergie électrique à ces pays frères. Du fait des habitudes alimentaires de ces peuples frères de plus en plus alignées sur celles de la Côte d’Ivoire, ils sont approvisionnés en produits vivriers tels que la banane plantain, le manioc…

Désirée Deneo, spécialiste des questions migratoires, a insisté sur l’historicité des liens entre les Etats de l’AES et la Côte d’Ivoire qui abrite des milliers de ressortissants de ces pays frères. Elle a rappelé le fait que la Côte d’Ivoire comme le Brésil fut une colonie pionnière à vocation d’exploitation par le colonisateur.

D’où l’importation de la main d’œuvre de la sous-région, affirme-t-elle, pour l’agriculture et la construction des infrastructures structurant comme le port d’Abidjan, le canal de Vridi, les ponts, le chemin de fer…pour assoir l’économie de la Côte d’Ivoire au bénéfice de la métropole.

Il y a lieu donc de lever toute équivoque pour renouer avec les bonnes relations profitables aux deux parties. Telle est la préoccupation de Dr Sylvain N’Guessan, expert en prospective, défense et sécurité, qui a mené sa réflexion autour du thème : « (Re) conquérir le marché de l’AES : quelle stratégie ivoirienne dans cette guerre économique ? ».

Selon l’expert, le coup d’état de 1999, la rébellion de 2002 et la crise post-électorale de 2010 ont progressivement impacté négativement le volume des échanges…

Selon l’expert, le coup d’état de 1999, la rébellion de 2002 et la crise post-électorale de 2010 ont progressivement impacté négativement le volume des échanges au niveau du port d’Abidjan. Il existe à ce propos un chemin de fer qui relie Dakar et Bamako sachant que le fameux projet ferroviaire Régie Abidjan-Niger n’a jamais dépassé Ouagadougou.

 « Or, il faut parcourir pour les pays de l’hinterland plus de 1200 Km pour rallier Dakar et autant pour atteindre Lomé avec une qualité approximative des infrastructures routières là où l’autoroute du Nord est désormais une réalité jusqu’à Bouaké », dit-il. Selon lui, la question sécuritaire avec les Djihadistes qui écument les routes de ces nouveaux ‘’eldorados’’ portuaires.

Dans cette perspective, si la Côte d’Ivoire parvient à contrer la menace terroriste qui risque de se redéployer sur son territoire, si ce vaste plan de reconquête était implémenté, si elle continue à moderniser ses infrastructures portuaires et routières en jalonnant le parcours Abidjan sorties frontières Nord par des aires de repos et espaces de vie pour les transporteurs, elle pourrait ravir d’importantes parts de marché à ses concurrents qui tirent profit de la conjoncture politique ambiante.                             

Georges N’Gouandi

  georgesnehui@yahoo.fr      

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