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Côte d’Ivoire, Sr Yvette Djossou, 1ere religieuse salésienne togolaise : « Ma vocation est née avant même l’arrivée des Salésiens »

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Sr Yvette Djossou, 1ere Salésienne religieuse togolaise, célèbre ses noces d'argent/Ph Credochristi

Jeune adolescente timide et introvertie, il y a des années dans son cher Kanikopé, un quartier de Lomé au Togo, où est née sa vocation religieuse. Sr Yvette Djossou, 52 ans, a célébré durant un an son jubilé d’argent sur les paroisses de Lomé, Duekoué et Abidjan. Première salésienne togolaise, Yvette se dit fière et reconnaissante, après 25 ans de vie consacrée, pour le service du Seigneur et des hommes.

Etant très engagée sur la paroisse Saint Jean Bosco de Kanikopé, un quartier de Lomé ainsi que toute sa famille, Yvette, jeune adolescente de 18 ans, en classe de 3e, avait sans doute tracé son destin. Sans imaginer pourtant que son déploiement spirituel juvénile rencontrerait Marie Dominique Mazarello, fondatrice des Filles de Marie Auxiliatrice. Son désir ardent de servir le Christ à travers ses jeunes frères sur la paroisse va porter ses fruits dès l’arrivée des premiers salésiens, en 1982.

« Ma vocation est née avant même l’arrivée des salésiens dans notre station à Kanikopé Saint Jean Bosco. Nous avons été éduqués chrétiennement et cela nous a permis d’intégrer des groupes et mouvements de l’église comme la Légion de Marie, Ads à la Vie, chorale, etc », relate Sr Yvette d’une fatrie de 5 enfants.

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« Lorsque les salésiens sont arrivés, ils ont trouvé une communauté chrétienne bien animée et engagée. Certes, nous n’avons pas les messes tous les dimanches parce que les prêtres étaient loin. Nous habitons à des kilomètres de la ville de Lomé. On a eu la chance d’être sous l’autorité des Salésiens. Mes parents et nous (enfants) étions intégrés dans des groupes et mouvements de la paroisse. Avec l’existant qu’ils ont trouvé, ils se sont appuyés pour continuer leur apostolat », commente Sr Yvette. Pour elle, le déclic de cette vocation religieuse a été sans difficulté surtout à cause des valeurs inculquées par les salésiens, entre autres, la fraternité, l’amour, la joie et la complicité.

Des parents méfiants du passé

La grande famille Djossou, par le passé, avait  des appréhensions de la vie religieuse. Celle-ci avait fragilisé, anéanti la vocation de certains membres de cette famille qui voulaient embrasser le sacerdoce. Sa famille bien que catholique et pratiquante va néanmoins revivre autrement le douloureux passé.

« Mes parents étaient un peu méfiants. Surtout mon père ne voulait vu ce qui s’était passé à l’époque. Par contre, ma mère voulait que je sois religieuse », confie Sr Djossou. Pour elle, la rencontre qu’a eue le père Lucas Camilio Navarro avec son frère aîné-une sorte d’enquête de moralité- va davantage la conforter dans son désir d’appartenir à la famille salésienne mais aussi battre en brèche le désistement et le doute de ses parents.

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« Mes frères avaient beaucoup lutté pour moi parce que ma mère s’y opposait. Elle disait qu’en y allant dans cet institut religieux, c’était pour m’amuser ou je fuyais le travail ménager ». L’expérience de l’aspirant débute tous les samedis chez les religieuses dont Bernada, Pasquista, Salvie …qui étaient les premières missionnaires. « L’une des difficultés est que je ne parlais pas trop, timide et je riais beaucoup, avoue-t-elle. Donc, les sœurs, pour m’amener à sortir de ma torpeur, m’ont donné des livres comme la vie des saints Salésiens, les premières sœurs. Je faisais le résumé et cela m’a permis d’être ouverte ».

Mais l’expérience communautaire va prendre forme à Kara (centre) pendant une année scolaire. Yvette commence le postulat et le noviciat à Duekoué (ouest), avec une dizaine d’autres sœurs de la sous-région. Ainsi, le 6 août 1994, elle fait sa 1ere profession de vœux en tant que Filles de Marie Auxiliatrice, à l’église Sainte Thérèse de Duekoué et les perpétuels, le 25 mars 2001, à Notre dame du Port et de Nomba de Libreville, au Gabon.

Jubilé célébré à Lomé et Abidjan

Pour ce jubilé d’argent, la mobilisation exceptionnelle des communautés chrétiennes tant à Lomé et Abidjan n’a laissé personne indifférent. Des discours de reconnaissance au Seigneur, des présents offerts mêlés à l’amertume ont meublé ces moments inoubliables et d’action de grâce de Sr Yvette. La paroisse Saint François d’Assise de Koumassi dirigée par la Communauté salésienne a rendu hommage à la jubilaire, en septembre.

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Il y a un an, elle avait été célébrée, le 6 août 2018, par les fidèles de Sainte Thérèse de Duekoué. Lomé, sa ville natale, parents et amis l’ont célébré avec allégresse. « Les gens ont été émerveillés malgré les années passées. Je suis revenue à Duekoué. Pour mes 25 ans, je reviens les célébrer avec la communauté chrétienne, les mamans Gueré », se réjouit Sr Djossou. En attendant sa communauté d’Abidjan, qui compte également la célébrer dans les mois avenir. S’il y a un bilan à faire des 25 ans, Sr Yvette estime qu’elle a des convictions claires que Dieu la veut religieuse salésienne !

Depuis la célébration de ses vœux perpétuels en 2001, Sr Yvette ne chôme pas. Elle multiplie formations religieuse et humaine. A la base, elle est diplômée en Théologie pastorale.  Face à une panoplie de défis que souhaite relever la communauté, Sr Yvette part se former à l’Institut national de la jeunesse et des sports (Injs) d’Abidjan. Là, elle  décroche un diplôme d’éducatrice permanente et une spécialité en hygiène alimentaire. Actuellement, directrice de la Communauté salésienne d’Abidjan et du centre professionnel.

S’expliquant sur ces nombreux diplômes acquis et le gigantesque travail qui l’attend au quotidien, elle déclare, « pour moi, toutes ces formations, ces diplômes, j’avais déjà l’idée de servir. Je suis une personne polyvalente. Là, où besoin y est, si on m’envoie, je n’ai pas peur. Parce que je sais que la congrégation a beaucoup faire moi, à mon tour, je dois servir les autres ».

Magloire Madjessou

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