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Droits des femmes : Des dames partagent leurs expériences du social sans grands moyens

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Les panélistes décortiquent le volet social de leurs activités/Ph Credo

Mercredi 8 mars 2023, la Côte d’Ivoire a célébré la Journée internationale des droits de la femme. Cette journée a été une occasion pour des femmes œuvrant dans le social de dévoiler leurs activités et les difficultés qu’elles vivent au quotidien. Celle-ci a été initiée par Martine Kouadio Gokra, autour d’un panel intitulé : « Femme et équilibre social », qui s’est tenue au Musée des civilisations d’Abidjan-Plateau.

Les femmes donnent de leur temps, de leurs diplômes et elles sont à saluer…Ces mots ont été exprimés par Martine Kouadio Gokra, instigatrice et modératrice de ce panel, en l’entame de cette causerie-débat.

Pour Dr Ella Diomandé, enseignante à l’université et initiateur des cours d’alphabétisation aux personnes sur le digital, a indiqué qu’elle fait ces cours depuis maintenant un an. Elle dispense ces cours aux personnes qui voudraient apprendre à lire, écrire et calculer sur le digital, gratuitement.

Par ailleurs, elle a souligné que sa première bénéficiaire est sa mère, qui reçoit 4 fois, ces cours à la maison. « Dans le foyer, c’est le père qui avait le dernier mot. Ma mère ne vivait que de frustrations. La première fois, où j’ai été sollicitée pour rédiger l’acte de divorce de mon père et ma mère. Mon père me disait que ta mère ne sait ni lire ni écrire. Donc je ne veux plus d’elle dans ma maison. Je ne veux plus la voir chez moi, elle ne doit plus manger, ni boire chez moi », a expliqué la voix étreinte Dr Ella Diomandé, à l’assistante.

Selon elle, au moment où son père était étudiant, sa mère a mis les moyens pour qu’il réussisse, aujourd’hui, et devienne fonctionnaire. « Alors, il fait venir une femme d’Abidjan sachant lire et écrire pour l’épouser. J’ai décidé, à mon humble niveau, d’aider ces femmes, qui ne savent pas lire et écrire », a-t-elle décrit son amour pour l’alphabétisation à travers le digital.

Concernant le niveau d’alphabétisme en Côte d’Ivoire et selon les chiffres officiels, on en dénombre 43 % pour les femmes et 54% hommes. Ces femmes présentes à ce panel ont décidé d’œuvrer pour que ce chiffre d’ici, 2025, soit à un niveau acceptable, qu’est 50%.

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Quant à la panéliste Valérie Ouattara, elle a expliqué que pour que des femmes rurales reçoivent des crédits, elle et son Ong apprennent à ces femmes à maitriser les symboles. Ceux-ci leur permettent de bien remplir ces feuilles et ne pas être sous le coup de fauteurs de la loi. Pour elle, « c’était difficile pour ces femmes de les remplir… ».

A travers ces crédits octroyés, elles ont acheté des vélos, scolarisés leurs enfants et remboursaient cet argent après. « On observait une nette évolution chez ces femmes, mais le handicap était de ne pas pouvoir lire et écrire », fait-elle noter. Finalement, Valérie Ouattara a dû inclure l’alphabétisation dans le développement rural de ces femmes.

Enfants abandonnés ou rejetés

En Côte d’Ivoire, depuis quelques décennies, des enfants sont abandonnés pour diverses raisons. Heureusement qu’il existe des centres de protection pour la petite enfance ou des personnes volontaires travaillant dans ce domaine. Sœur Monica Auccello, paneliste, est responsable des enfants autistes (15) dans une école maternelle à Odienné. Les enfants handicapés, autistes etc selon les parents, affirme Sr Monica, sont des enfants sorciers et serpents.

Martine Kouadio Gokra

Elle a dû donner son nom patronyme à ses enfants dits sorciers pour qu’ils existent juridiquement. « Au tribunal de Korhogo, les parents de ces enfants handicapés ont indiqué devant le juge que ceux-ci étaient plutôt des animaux. Pire, ils n’en veulent plus », confie la Sr Monica. Selon elle, la lutte n’a pas été facile. Pourtant, ils font partie de la société, et nous devons lutter pour leur donner de meilleures conditions de vie. « Ces pesanteurs culturelles, avec le temps, peuvent, effectivement changer la société », croit-elle.

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Enfants rejetés, abandonnés par faute d’argent ou pour des pesanteurs culturelles. C’est le combat que mène dame Yao Akissi N’Zi dans la ville de Grand-Lahou. Qui a accueilli, dans son centre, près de 22 enfants, dont les parents ont abandonné. Sans grands moyens encore moins une subvention de l’Etat, elle se bat pour donner une lueur d’espoir à ceux-ci. Les enfants de 0 à 3 ans y sont. Après 5 ans, ils regagnent le cercle familial.

Martine Kouadio Gokra, Conservateur de musée et sous-directrice à la direction de la Promotion de l’éducation au développement durable, a souligné avoir organisé un panel pour honorer les femmes, qui œuvrent dans le social.

Alphabétisation, l’inclusion des enfants malades, et enfants handicapés par la vie. « Une prise de conscience de la population, que ces personnes font partie de la population et que nous vivons dans une société de plus en plus inclusive. Ces enfants font partie de nous, nous devons les accepter ».

Magloire Madjessou

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