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Fonds national catholique, collectes, Cité de la paix, institut de la santé… Père Sialou sans détours…

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Père Emile Sialou, Secrétaire permanent des affaires économiques de la Conférence des évêques catholiques de CI/ph Credo

7 ans après, la mise en place du Fonds national catholique par les évêques de Côte d’Ivoire, l’autonomie financière tant prônée par ceux-ci commence à prendre forme. Avec la construction de la Cité de la paix de Cocody, qui avance bien. Père Emile Sialou, Secrétaire permanent du Conseil des affaires économiques de la conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, déballe tout…

7 ans après, comment se porte le Fonds national catholique mis en place par les évêques de Côte d’Ivoire ?

Je dirai que le Fonds national catholique se porte bien.  C’est un projet économique initié par les évêques pour aider l’Eglise à se prendre en charge. Jusqu’en 2014, à sa naissance, l’Eglise catholique en Côte d’Ivoire n’avait pas de fonds commun pour financer tout ce qui est commun au catholique.

Dès lors, qu’il y a eu la naissance du Fonds national catholique, c’est un vide qui a été comblé. C’est pourquoi, je dis que le Fonds se porte très bien.

Vous disiez dans un journal que les 6 dernières éditions ont permis d’engranger la somme de plus de 2 milliards de F Cfa. Vous avez souhaité que l’année d’après, les fidèles collectent 500 millions de F Cfa pour avancer les travaux de la cité de la paix. Votre réaction ?

Nous sommes partis avec une collecte de 220 millions F Cfa en 2014, 246, 300 voire 400 millions F Cfa. Vous savez que le but du Fonds, quand on fait les calculs, si tous les catholiques en Côte d’Ivoire donnaient ne serait-ce que 1000 F Cfa par an, mais cela n’a pas été le cas.

Donc nous avons souhaité en son temps, que si nous pouvions attendre 500 millions de F Cfa par an, c’était déjà bon. Dieu merci, nous avons dépassé les 500 millions de F Cfa et nous sommes à 600 millions de F Cfa.

C’est un objectif qui a été atteint. Mais, l’objectif général n’est pas encore atteint et nous demandons aux chrétiens de continuer à se mobiliser pour que nous puissions atteindre nos objectifs. Notre objectif final est d’atteindre l’autonomie de l’église. Ce n’est pas en finissant la cité de la paix que nous aurons atteint notre autonomie.

Nous avons du chemin à parcourir et nous voulons que les chrétiens soient de plus en plus généreux…

Nous avons du chemin à parcourir et nous voulons que les chrétiens soient de plus en plus généreux face à l’église. Ceux qui donnent au fonds, ce n’est pas à cette structure qu’ils donnent mais plutôt à l’église qu’ils donnent. En donnant à l’église, c’est à Dieu qu’ils donnent. L’église est au service de Dieu, c’est elle qui continue la mission du Christ.

Ce qui voudrait dire que les chrétiens devront continuer à collecter encore ?

Oui, la raison est très simple. Il faut comprendre ce que représente l’offrande dans la vie d’un fidèle à l’Eglise. Si nous remontons dans l’Ancien testament, puisque nous sommes chrétiens et notre foi découle de la foi des Juifs. Dieu avait organisé les finances de sa religion. Commençons par les douze tribus d’Israël et la deuxième famille : les Lévites étaient appelés à ne pas travailler de manière lucrative.

Mais que les douze familles apportent le dixième de ce qu’ils gagnaient pour que ceux qui sont au temple utilisent une partie pour manger, une autre pour les pauvres et les besoins de l’église. Voilà comment l’église était organisée. En plus de la dîme, chaque fidèle devrait faire des dons et des offrandes particuliers. Donc l’offrande fait partie de la foi. L’offrande est l’expression de la libération du croyant vis-à vis de son Créateur. On ne doit voir dans le cadre du Fonds national une cotisation comme ça.

C’est la participation du fidèle au sacrifice du Christ. Il faut comprendre l’esprit de la chose. Comme le disait dans l’Ancien testament, le fidèle qui vient au temple pour offrir un sacrifice, vient avec un mouton, un bœuf, un animal selon ce qu’il veut faire. Ça peut être un sacrifice d’action de grâce, d’expiation etc. Ça dépend de la nature de ce qu’on veut offrir à Dieu.

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Quand il vient, cette offrande est l’expression, la participation. Cela devient une expression de sa reconnaissance à Dieu. Il donne quelque chose à Dieu, pour lui dire je suis reconnaissant envers toi. Donc lorsque nous venons à la messe, la quête que nous faisons, c’est l’expression visible, matérielle de notre reconnaissance envers Dieu.

L’argent que nous donnons à la messe, il représente l’effort que nous fournissons pour travailler, c’est une partie de notre vie que nous venons remettre à Dieu pour dire, Dieu tu nous as donnés, nous sommes reconnaissants. C’est cela l’offrande.

Les évêques ont dit que le jour de la Pentecôte, l’offrande que nous faisons à la messe, nous la réservons pour les besoins de l’église en Côte d’Ivoire. Ce jour-là, ce que nous apportons à Dieu que nous venons donner. Ça n’a rien à voir avec la cité de la paix, et si vous voulez avec l’autonomie. Avant tout, c’est notre acte de reconnaissance envers Dieu.

Nous formons un seul peuple, une seule famille. Nous avons des besoins communs et donc il faut trouver des moyens communs pour faire face. Donc que la cité de la paix finisse, que l’église devienne autonome ou pas, l’offrande demeure tant qu’il y a des chrétiens.

Parce que de générations en générations, chaque être humain qui est conscient, est appelé à être reconnaissant vis-à vis de Dieu. Ce n’est parce que mes parents ont été reconnaissants envers Dieu, que moi aussi, je suis exonéré. Non, ça n’a rien avoir. C’est une exigence de la foi qu’il faut mettre en pratique.

Saint Jacques disait : « montre-moi ta foi, et je te montrerai mes œuvres ». C’est par mes œuvres que je prouve que j’ai la foi. Tu es chrétien, tu as la foi, en quoi tu montres aux hommes que tu as cette foi, que tu aimes Dieu. Quand je vais à l’église, que je suis capable de déposer l’argent dans le tronc par amour pour Dieu, j’exprime par là. L’offrande est l’expression visible de la foi à Dieu. Si, je ne fais pas, il y a quelque chose qui ne va pas.

Selon vous, devons-nous continuer cette offrande à Dieu ?

C’est un devoir, une obligation pour le chrétien en termes de reconnaissance mais pas juridique

C’est un devoir, une obligation pour le chrétien en termes de reconnaissance mais pas juridique. Comme je le disais, c’est l’exigence de l’amour. Tu ne peux donc dire que tu aimes Dieu, et ne rien manifesté envers Lui. L’Eglise dont nous parlons, ce n’est pas les bâtiments, mais c’est la communauté chrétienne. Le Droit canon dit que l’église, c’est le peuple de Dieu. Ce peuple-là a des besoins, il est inséparable de Jésus Christ.

On ne peut pas aimer Jésus-Christ et ne pas aimer l’église. D’ailleurs, si nous sommes devenus chrétiens, c’est parce qu’il y a église. C’est l’église qui nous a dit que Jésus Christ est vivant, mort et ressuscité pour nous. Dès lors, que je dis, je crois en Jésus Christ, automatiquement, je crois en l’église. Parce que l’église est son corps, alors l’amour que j’ai pour le Christ va aussi se manifester de façon matérielle par mon attachement réel à cette communauté, qui représente le Christ pour moi.

En 2014, Mgr Ignace Bessi Dogbo, président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, évoquait les projets de ce Fonds. Entre autres, la Cité de la paix, la construction du siège de la conférence épiscopale (Bureaux des services nationaux), l’institut de la santé, une université catholique pour former uniquement les agents de la santé. Où en est-on avec ce dernier projet ?

Vous avez un verre d’eau plein. Chaque fois que vous buvez de ce verre, il va diminuer. Est-ce à dire que vous n’aurez plus soif ? Même si nous avons construit la cité de la paix, l’institut de la santé etc, tout ce que nous venons de citer, il y a des charges. La cité de la paix va générer de l’argent, mais est-ce que ces ressources pourront donc couvrir toutes ces charges ?

Donc, si vous arrêtez de faire les offrandes pour alimenter vos caisses, à un moment donné, vos caisses seront vides. Donc, il faut trouver un mécanisme pour continuer à alimenter la caisse. En même temps que le flux rentre, il sort de l’autre côté. Il faut qu’il y ait des ressources qui alimentent régulièrement le flux, autrement dit, ce flux sera vide. Même si nous finissons la cité de la paix et d’autres choses, il faut toujours continuer à donner quelque chose à l’église catholique.

L’église vit et les besoins sont contextuels. Si vous avez construit un centre de santé, il faut toujours payer le personnel. Ce n’est pas sûr que ça puisse générer de l’argent pour faire fonctionner. Donc si vous n’avez pas l’argent pour le soutenir, votre œuvre sociale n’ira pas loin. Pour faire le social, il faut de l’argent. Or, si vous n’avez pas l’argent, vous ne pouvez pas faire le social. L’argent devient indispensable pour la mission de l’Eglise.

C’est une organisation humaine, elle n’est pas seulement divine. Quand vous allez dans n’importe quelle structure, il y a toujours une méthode d’autofinancement. De la même manière, l’église est sur le modèle d’association. Ils ne disent pas à un moment donné, comme on a cotisé, on ne le fait plus. Parce qu’il y a toujours des besoins. S’ils arrêtent de cotiser, leur association ne va plus fonctionner. L’église, c’est la même chose. Elle a des besoins. Chaque jour, elle dépense.

Je reviens sur les paroisses. On ne peut pas donc régler les problèmes des paroisses. Avez-vous combien de paroisses, chapelles et de communautés ? Vous voyez, ce que vous dites, me donne l’opportunité de dire que l’autonomie de l’église commence d’abord par le dynamisme des fidèles de chaque communauté.

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Au sommet, on ne peut régler dans les détails les problèmes des communautés. Par contre, si elles sont dynamiques, l’ensemble peut se retrouver. Donc l’autonomie va commencer par redynamisation de chaque communauté de bases.

On dit l’église vit des dons de ces fidèles. On ne peut pas changer, c’est une nécessité

Parce que c’est la source principale. On dit l’église vit des dons de ces fidèles. On ne peut pas changer, c’est une nécessité. Chaque paroisse travaille pour s’auto-suffire. Chaque paroisse est la réalité visible de ce peuple de Dieu. Donc elle est appelée à soutenir l’ensemble de la mission de l’église.

La paroisse a le devoir de financer le diocèse, parce que c’est son institution. Le diocèse n’est pas seul. Il se trouve dans un pays. Il est en lien avec les autres. L’autonomie va se faire à plusieurs niveaux, mais la base est la redynamisation de chaque paroisse. C’est la communauté de base qui doit se financer.

Est-ce qu’aujourd’hui, êtes-vous satisfait des collectes qui sont organisées chaque année ?

Oui, je suis satisfait. C’est un cheminement, un processus dans lequel nous sommes tous engagés. Jusqu’en 2014, il n’y avait pas de caisses communes. Pas seulement au niveau national, mais au niveau diocésain. Nous avons été évangélisés par les prêtres missionnaires et ceux-ci sont venus avec les moyens.

Les moyens, parce qu’ils étaient soutenus par les communautés de base de chez eux. Ils se prenaient en charge, construisaient eux-mêmes et l’Eglise fonctionnait sans demander grande chose à nos parents. Le diocèse, c’est pareil aussi. Ils vivaient avec ce que Rome donnait. Au fur et à mesure que nous avancions, les chrétiens de l’autre côté vieillissent ; Rome n’a pas assez de moyens pour continuer à nous soutenir. Ici, le nombre de chrétiens a considérablement augmenté, les charges aussi.

Donc, il revient maintenant à la communauté locale de s’organiser, non seulement pour se prendre en charge, pour aider à fonctionner ses propres institutions au plan diocésain et national. Mais aussi, de soutenir l’évangélisation, à l’interne et l’externe. Pourquoi, Jésus a créé l’église ? C’est pour évangéliser. Ce n’est seulement pour venir à l’église communier, dormir, pas pour recevoir la grâce de Dieu mais le Christ a institué la communauté chrétienne pour que celle-là tout chrétien a un devoir d’évangéliser. L’évangélisation directe et indirecte.

La Cité de la paix, où en est-on aujourd’hui ?

Nous sommes maintenant au niveau des travaux de finition. Tous les bâtiments sont sortis de terre, ils sont couverts. On a déjà posé tous les carreaux, les sanitaires. Ils sont au vernissage des portes. Les câbles sont aussi installés, enterrés.

Nous attendons maintenant les travaux de voiries, des deux piscines sont en train d’être faites y compris les toilettes. Donc la cité avance. Il y a plus de 80% des travaux qui sont exécutés. Je pense que d’ici peu, si nos moyens nous permettent, on va achever les travaux de la cité de la paix.

Les locataires vous ont-ils déjà approché ?

La Cité de la paix de Cocody Riviera

Les gens sont intéressés, mais pour le moment, nous ne pouvons pas faire de contrat d’engagement parce que nous ne maitrisons pas la date de livraison.

Certainement, avant fin du 1er trimestre de l’an 2023…

Nous l’espérions. Mais tel que je vois, ça ne pourra pas finir. En mars, je ne pense pas. Au plus tard juin 2023, les travaux devraient être livrés.

Vous avez promis faire 32 appartements. Aujourd’hui, vous êtes à 34 appartements. Qu’est ce qui justifie cela ?

C’est un chantier que nous avons commencé. Nous avons trouvé qu’il y a des opportunités à saisir. Donc nous avons saisi cette opportunité, en y ajoutant deux autres appartements.

Nous sommes en 2023. Les fidèles catholiques vont être invités à collecter les fonds en Pentecôte. Peut-on avoir une idée du montant à cotiser par personne ?

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 Je pense qu’il n’est pas important d’indiquer un montant. C’est une question de foi, d’amour et de reconnaissance. Si, je suis chrétien catholique, je reconnais que Dieu est bon pour moi, que Dieu m’a donné des biens, alors à moi de voir, ce qui est bien pour Dieu. Ce que je peux donner pour montrer à Dieu, que moi aussi, je l’aime. Si vous avez 10 000 F CFA, et que vous pouvez donner 1000 F Cfa.

Il n’est utile de fixer un montant. En guise de reconnaissance à Dieu, s’il peut donner 10 000 F Cfa, 5 000 F Cfa, qu’il le donne. S’il pense ne rien donner, c’est tant mieux. On ne va pas imposer de montant à quelqu’un, mais, on invite chacun à regarder Dieu. Ce qu’il pense que Dieu a fait pour lui, en fonction de ça, il fait son don.

Les diocèses, après la collecte des fonds, transmettent cet argent à la nationale. Pensez-vous qu’il y a une surveillance dans ces fonds qui vous sont transmis ?

Une surveillance, c’est trop dire. Mais, chaque diocèse est membre du Fonds national catholique. Comme chaque paroisse d’ailleurs. Le Fonds national catholique n’est pas en dehors des paroisses, ni en dehors des diocèses, ni des communautés chrétiennes. Mais le Fonds national catholique fait partie de l’église. Donc, c’est une institution des paroisses, des diocèses et de l’église en Côte d’Ivoire.

Dans chaque diocèse, il y a un prêtre qui est responsable de ce fonds. Il lui revient de se s’organiser et de suivre le recouvrement des fonds. Je suis prêtre, c’est Dieu qui m’a appelé.

Il doit le faire avec sa conscience, en pensant toujours qu’il rend service à Jésus Christ

Si mon évêque m’a confié le fonds dans mon diocèse, je dois considérer que c’est une mission, je dois assumer cette charge en regardant le Christ. Dans l’église, on ne fait rien pour soi. Il n’y a pas de mission à moitié. Il doit le faire avec sa conscience, en pensant toujours qu’il rend service à Jésus Christ.

Nous allons entrer, bientôt, dans le mois de la Pentecôte. Que fait le père Sialou pour mobiliser ses confrères et fidèles dans la perspective du Fonds ?

Je ne peux être présent sur les paroisses. Ce n’est pas possible. La semaine dernière, jeudi 23 février, nous avons fait une émission sur la Radio nationale catholique. Le samedi 25 février, nous avons rencontré les prêtres et les laïcs dans le diocèse d’Agboville. Aussi, avons-nous fait le lancement avec tous les médias, où nous avons parlé du Fonds national catholique pour que les chrétiens soient informés. Les autres jours, nous ferons des émissions sur la radio, à la télé.

On va utiliser d’autres médias pour essayer de porter l’information à tous les catholiques vivant en Côte d’Ivoire et à l’extérieur. Il appartient à chaque acteur, agent pastoral, là où il se trouve, de comprendre que le Fonds, c’est une affaire de l’église, qu’il s’approprie et qu’il essaie de parler avec ses frères et sœurs, pour nous tous, nous nous mobilisons pour la cause commune de l’église catholique ivoirienne.

En dehors des paroisses, y a-t-il d’autres canaux pour faire les dons, pour les fidèles qui sont hors du pays ?

Oui, il y a quelques-uns qui le font. Toute l’année, ceux qui le veulent, peuvent faire des dons au Fonds national catholique. Il peut déposer l’argent sur un des comptes du Fonds national catholique, il peut aussi faire des paiements électroniques (0777 3449 74). Tout est possible. Celui qui veut à tout moment, peut faire un don au Fonds national catholique. Ce n’est pas interdit.

Réalisée par Magloire Madjessou

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