Accueil A la une Conflit intercommunautaire à Gagnoa : Dougroupalégnoa, une paix encore fragile

Conflit intercommunautaire à Gagnoa : Dougroupalégnoa, une paix encore fragile

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Des maisons incendiées à Dougroupalégnoa

Le 25 octobre 2023 restera graver dans la mémoire collective ce drame horrible vécu entre les communautés allogènes et autochtones de Dougroupalégnoa dans la sous-préfecture de Gagnoa. A cause de vol de cacao ou matériels, les deux communautés en sont venues aux mains. L’on enregistre 2 morts et plusieurs biens détruits dans le village de Dougroupalégnoa. (Dossier)

Des affrontements intercommunautaires survenus, jeudi 26 octobre 2023, dans le village de Dougroupalégnoa, à 15 km de Gagnoa, ont fait 2 morts et quatre blessés par balle, note le site AIP. Des dégâts matériels, dont des hangars, ont été enregistrés dans le village, selon plusieurs témoignages recueillis auprès des parents des blessés et des autorités coutumières.

Faits

Un présumé vol de cacao ou de matériels, dans la journée du mercredi 25 octobre, est à la base de ce conflit enregistré entre les populations villageoises. Ajoutant qu’une tentative de règlement à l’amiable sous l’arbre à palabre par les chefs de communautés a débordé pour aboutir à des violences avec usage d’armes à feu, avec comme bilan un mort et quatre blessés par balle, tous évacués au CHR de Gagnoa.

Un couvre-feu a été décrété par le préfet de région, préfet du département de Gagnoa, Fofana Lancina, et des éléments de l’escadron de la gendarmerie de Gagnoa et du Groupement mobile d’intervention (GMI), appuyés par des renforts venus de Divo, ont été déployés dans le village, où le calme est revenu selon les informations rapportées par notre confrère. Cependant, l’on note la mort d’un jeune allogène dans un village voisin de Mahibouo.

Les autorités présentes dans le village

Le Général Apalo sur le terrain

Le général de corps d’armée, Alexandre Apalo Touré, commandant supérieur de la gendarmerie nationale a lancé mardi 31 octobre 2023, à Dougroupalégnoa une sévère mise en garde aux jeunes des communautés autochtones et allogènes, contre toute récidive du conflit, quelques jours après le début d’affrontements intercommunautaires dans le village, qui avait fait deux morts, une dizaine de blessés par armes à feu et armes blanches et huit maisons calcinées.

(…) « celui qui pose un acte de violence, je le fous en prison » , a averti d’emblée le général Apalo Touré

« Je ne suis pas venu vous demander pardon, et les forces de l’ordre ne sont pas venues vous demander pardon. Je vous mets en garde, dès cet instant, celui qui pose un acte de violence, je le fous en prison », a averti d’emblée, le général Apalo Touré, qui avait à ses côtés, le député de Gagnoa sous-préfecture, Maurice Kakou Guikahué, ainsi que le secrétaire général 1 de la préfecture de Gagnoa, Kamaté Bêmah.

«Vous devez travailler pour la paix », a-t-il recommandé, indiquant aux jeunes que les actes de violences qui ont entraîné morts d’hommes et destruction sont « très graves », et que, selon lui, personne n’a reçu pour mission de mettre fin à la vie d’autrui. «Faites des bêtises encore, nous aussi, on vous attend », a prévenu l’officier général.

Le Général Apalo Touré venu parler à la population

Avant de quitter le village, l’envoyé du ministre de la Défense a rappelé aux allogènes, que les autochtones qui les ont accueillis et offert gites et couverts, doivent être vus comme « leurs fétiches ». Seulement, dit-il, l’autochtone aussi ne doit pas faire de « mauvaises choses » vis-à-vis de son étranger.

Le pardon des autorités

« Le président du conseil régional du Gôh, Joachim Djédjé Bagnon nous envoie pour demander pardon à tous pour que la paix revienne. Nous voulons compter sur vous pour que les parents qui ont toujours vécu en bonne intelligence puisse fumer le calumet de la paix », a déclaré le chef de délégation, Julien Konan, 4è vice-président du Conseil réfgional du Gôh, devant les populations autochtones de Dougroupalégnoa, fait remarquer Linfoexpress.com

Après quoi, il est allé dans le camp des Baoulé, accompagné des autorités villageoises locales pour s’entretenir avec les allochtones, toujours pour les exhorter à faire la paix. « Nous demandons aux populations de se retrouver pour revivre ensemble. Ce qui est arrivé est un concours de circonstance et ça va passer », a dit d’entrée l’envoyé du président Bagnon qui avait à ses côtés, Dr Rabé, 5e vice-président du conseil régional.

Cette réunion est la preuve que les populations veulent retrouver la paix

Au cours de cette rencontre, les différents protagonistes sont allés dans le sens de l’unité retrouvée, à en croire les engagements pris par Gnamien Koffi et Koudou Nahiri, respectivement présidents de le jeunesse Baoulé et Bété. « Cette réunion est la preuve que les populations veulent retrouver la paix. Chaque composante de cette population nous l’a démontré par des engagements de paix », s’est félicité M. Konan.

Une délégation du ministère de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, conduite par l’Observatoire de la solidarité et de la cohésion sociale (OSCS), a appelé les populations de la sous-préfecture de Dougroupalégnoa, à l’apaisement, mercredi 1 novembre 2023. Lors de cette visite de terrain dans cette localité, lieu d’un conflit intercommunautaire, qui a fait deux morts et une dizaine de blessés par armes à feu et armes blanches et huit maisons calcinées.

La population villageoise de Dougroupalégnoa

« Merci d’avoir accepté de vous asseoir et de parler », s’est réjoui le directeur général de l’OSCS, Coulibaly Tiohozon, émissaire de la ministre de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Myss Belmonde Dogo. Il s’est adressé concomitamment aux deux communautés, en présence du chef du canton Paccolo, Noël Gnagno Sakalou, canton dont dépendent les villages de Dougroupalégnoa et Mahibouo, impactés par les violences.

Le directeur général de l’OSCS a plaidé afin que soit maintenu ce climat de « paix et de concorde »

Le directeur général de l’OSCS a plaidé afin que soit maintenu ce climat de « paix et de concorde », entre les deux communautés au sein desquelles, il y a eu des victimes, et salué la jeunesse du village de Mahibouo, où un jeune autochtone a trouvé la mort. Il s’est dit satisfait que ces jeunes n’aient pas vandalisé les maisons des allogènes, lorsque ces derniers ont fui le village.

Paix à Dougroupalégnoa ?

Pour l’heure, avec les évènements douloureux survenus dans ce village, parler de paix est encore fragile ou difficile. Avec les conciliations qui ont eues lieu entre elles, grâce à la médiation des autorités coutumières, administratives et politiques, cette paix est encore fragile dans cette localité de Dougroupalégnoa. Interrogé par Credochristi.com, Noël Gnagno Sakalou, chef canton de Paccolo, dépendant des villages en conflit, a dit qu’il serait tôt de parler de paix entre les deux communautés. Pour l’heure, le temps est actuellement aux préparatifs des obsèques du jeune tué.

Données Oscs de 2019 en Côte d’Ivoire

A Dougroupalégnoa, les communautés sont très impliquées pour la cohésion sociale, nous confirme un des patriarches de la localité. « Comme c’est le sang qui est versé, il faut trouver la forme pour que les gens reviennent. Je pense que les jeunes Baoulé doivent y prendre part aux funérailles de ce jeune Bhété tué. Sinon, je pense qu’il y a possibilité de revivre ou que ces communautés soient ensemble », dit-il. Précisant toujours qu’à Dougroupalégnoa, les Baoulé n’ont pas quitté le village mais plutôt à Mahibouo, situé à 3km de cette localité.

Magloire Madjessou

 

Encadré 1

Le vivre ensemble

Depuis des années, des communautés Baoulé, Bhété, Agni ou Malinké vivent ensemble, sans palabres. Mais avec l’évolution de la société, ce qu’elle nous impose, avec le développement des cultures, cela engendre des conflits. Ceux-ci sont légions dans notre pays, la Côte d’Ivoire, depuis des années.

A chaque fois qu’intervient ou survient un conflit, la raison évoquée, est le problème de terre. Mais dans le cas de ce village Bhété, il s’agit, selon les informations, de vol de cacao. Malgré les conciliabules, les peuples autrefois vivaient en parfaite harmonie, se sont venues au main. Résultat le bilan est très lourd, avec des pertes en vie humaine et de nombreux dégâts matériels de part et d’autres.

Avec l’arrivée des autorités dans cette localité, le vivre ensemble a été prôné. C’est évident que les communautés vont commencer à vivre avec le temps, mais, elles seront très méfiantes, à cause du passé. Mais c’est possible de revivre ensemble, car ces communautés Bhété et Baoulé sont liées par la culture, depuis leur présence dans ce beau village de Dougroupalégnoa. Le vivre ensemble est encore possible…pourvu qu’on tourne et on oublie le passé douloureux !

M.Madjessou

Encadré 2

Séminaire interministériels sur les conflits

Cette question des conflits communautaires sous toutes leurs formes constitue une problématique essentielle, un réel défi qui pourrait, s’il n’était pas relevé, entraver « notre modèle de vie et les fondements même de notre société, à savoir la solidarité, l’hospitalité et le vivre ensemble ». Pour le Chef du gouvernement, Daniel Kablan Duncan, même si les conflits communautaires s’enrichissent des réalités locales des différentes aires géographiques, ils produisent la même violence et les mêmes conséquences désastreuses, préjudiciables à terme, à la paix et la stabilité sociale si rien n’est fait rapidement et de manière durable, rapporte le site Gouv.ci

« Les récents affrontements intercommunautaires des 24 et 25 mars 2016 dernier entre agriculteurs et éleveurs à Bouna qui ont occasionné un lourd bilan, soit 33 morts, 52 blessés, 2640 déplacés ont à cet effet mis en évidence l’urgence de revisiter et de réévaluer les pratiques et méthodes en cours relativement au règlement et à la prévention des conflits, notamment entre les agriculteurs-éleveurs », a éclairé le Premier ministre, sur le site gouv.ci.

Evoquant par ailleurs les « violents affrontements » qui ont eu lieu le 07 mars 2016 à Assuéffry, mais également ceux de Février 2014 à Sétifla (Vavoua), le Chef du Gouvernement a indiqué que « c’est toute la question de la cohabitation communautaire et les différents conflits susceptibles d’être générés » qu’il convient de passer en revue au cours dudit séminaire.

Des recherches ont été effectuées sur Google, pour avoir les résultats. Nous n’avons pas pu avoir les résultats de ce séminaire interministériel. Pourtant, beaucoup d’Ivoiriens attendaient que les autorités compétentes prennent des décisions courageuses, face à ce phénomène…qui déchire, détruit et empoisonne les communautés, entre elles.

M.M

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