Accueil A la une Côte d’Ivoire, religieux et expert dénoncent les violences électorales et appellent les...

Côte d’Ivoire, religieux et expert dénoncent les violences électorales et appellent les acteurs politiques à la cohésion sociale

PARTAGER
Les conférenciers épluchent la situation socio politique, en demandant que les violences cessent/Ph Credochristi.com

Mardi 28 octobre 2020 s’est tenue au Centre de recherches et d’action pour la paix (Cerap) sis à Cocody Abidjan, une conférence à l’initiative des confessions religieuses pour la paix en Côte d’Ivoire. Durant ces deux jours de réflexion, de sensibilisation, des guides religieux et experts appellent au dialogue et à la paix au détriment de la violence pour sauver le pays d’Houphouët-Boigny. 

Les spectacles de violence, de haine, de vengeance, avec son cortège de morts et dégâts matériels sont devenus, hélas, le quotidien des Ivoiriens. Les guides religieux, dans leur mission régalienne, ne peuvent rester indifférents sans appeler les Ivoiriens à la cohésion sociale dans ce contexte électoral tendu et dominé par la violence.

  • Ce que nous voyons dans notre pays c’est des scènes horribles, des cris de souffrance, des personnes qui meurent, des blessés, des biens matériels détruits

 « Ce que nous voyons dans notre pays c’est des scènes horribles, des cris de souffrance, des personnes qui meurent, des blessés, des biens matériels détruits. Et nous sommes tous plongés dans la peur, dans l’angoisse qui nous met en face d’un tableau sombre. C’est la paix qui a déserté notre cœur, notre pays. Elle a disparu de notre pays. C’est la mauvaise politique avec ses vices qui nous met dans cette situation. C’est la mauvaise politique qui instrumentalise les jeunes qui nous présente cette sombre décoration », a dénoncé père Eric Norbert Abekan, curé de la paroisse Notre sante famille de la Riviera II Cocody.

Lire aussi: Côte d’Ivoire, la Plateforme des leaders croyants sensibilise la communauté musulmane sur le pardon et la paix

Pour le père Abekan, que les hommes politiques créent des conditions pour que des jeunes grandissent et réussissent et non les instrumentaliser. Estimant que la bonne politique est au service de la paix.  « Il faudrait donc que la paix prenne toute la Côte d’Ivoire », souhaite le père.

En cette période préélectorale, la violence est la manipulation qui aboutie aux dégâts et à la destruction de biens matériels. Une vision partagée par Vincent Toh Bi Irié, participant et ex-préfet d’Abidjan. Selon lui, c’est la peur et le manque de rêve qui engendrent tous ces maux sociaux en cette période.

« Le rêve s’est arrêté en Côte d’Ivoire ; plus de rêve d’un monde meilleur, plus d’excellence à tel point qu’on a peur d’être excellent. Si on n’a pas le rêve d’une vie meilleure, on a peur de tout, on a peur d’affirmer notre foi, on n’a peur de mener notre vie communautaire, d’affirmer notre différence », a déclaré Vincent Toh Bi, expert en processus électoral et en gestion de conflit.  Soulignant de fait qu’on ne peut qu’être sujet à la manipulation et à la violence.

Lire aussi: Côte d’Ivoire, père Abekan demande pardon et exhorte les Ivoiriens à privilégier la paix et l’unité

  • Père Brice Arsène Bado, enseignant-chercheur au Cerap, a analysé qu’en Afrique, 80% des élections sont pacifiques et 20% ne le sont pas

La violence a pris plus de l’ampleur en cette période préélectorale de la présidentielle d’octobre. Père Brice Arsène Bado, enseignant-chercheur au Cerap, a analysé qu’en Afrique, 80% des élections sont pacifiques et 20% ne le sont pas. La violence électorale n’est pas une fatalité, à l’en croire, mais on peut s’en passer et la prévenir.

« D’après les statistiques, le jour des élections est le jour le moins violent. En termes d’intensité, les violences préélectorales sont moins violentes que les violences post-électorales. Les élections viennent exacerber les problèmes qui existaient déjà. C’est pour cela qu’il faut travailler à la question de la paix. Il faut éviter les discours dangereux, qui tendent à produire de la haine, à déshumaniser l’adversaire », a conseillé le père jésuite Arsène Brice Bado.

Jacques Sibah (Stg)

PARTAGER