Accueil A la une Côte d’Ivoire, philosophes, théologiens et initié réfléchissent sur la problématique de la...

Côte d’Ivoire, philosophes, théologiens et initié réfléchissent sur la problématique de la sorcellerie en Afrique

PARTAGER
Théologiens, philosophes, initié...parlent de la sorcellerie en Afrique/Ph Credo

Durant deux jours (16 et 17 avril 2021) s’est déroulé le VIIIè Colloque international organisé par l’Institut catholique missionnaire d’Abidjan (Icma), à Abobo Abidjan. Théologiens, philosophes, psychologues et initiés ont abordé la question de la sorcellerie en Afrique, à travers le thème : « Sorcellerie en Afrique, quels chemins de libération ».

Le diable continue la personnalisation du mal sous toutes ses formes. Il cherche à corrompre les autres créatures, en particulier les hommes, par son action malveillante, en répandant mensonge, peur, panique et insécurité permanente. Telle est la problématique que les philosophes, théologiens et psychologues ont répondu, en apportant des pistes de réponses à la lumière de la dimension pastorale et sociale.

Ce samedi, le théologien moraliste, Père Paul Zikpi, a fait une communication portant sur la sorcellerie et la délivrance. Dans certains domaines, selon le père Zikpi, la femme peut exceller et dépasser l’homme dans le bien comme dans le mal selon ses capacités. Parlant de la bonne et mauvaise sorcellerie, selon le moraliste, on peut les utiliser pour en faire du bien. « D’autres ont des dons de guérir, en utilisant les plantes et leurs prémonitions, qui sont des dons surnaturels (…). Ceux qui font des initiations occultes pour faire du mal ou tuer, qu’il y a du bon dedans, nous disons non. Tout ce qui attrait à la magie, au fétichisme etc, c’est de la mauvaise sorcellerie », affirme le théologien Zikpi.

A en croire le père, tout ce qui attrait au sacrifice, au sang et à l’invocation des esprits est mauvais. Etant chrétien, il ne faut pas avoir peur, souligne l’abbé Zikpi, des sorciers qui sont dans les villages. Il préconise que les chrétiens les fréquentent, parlent avec eux, cherchent à les aider s’ils le veulent etc. « Nous en tant que chrétiens, nous devons être des ponts. En faisant ce genre d’actions, nous pouvons être des acteurs de réconciliation ».

LIRE AUSSI: Côte d’Ivoire, un évêque africain donne des recettes pour combattre la sorcellerie, le sorcier et les pratiques mystiques

 Il faut lutter contre cette peur des sorciers. Qui est créé comme une psychose dans les esprits.

Quant au psychologue clinicien, père Wilfried Poda du Burkina Faso, il a indiqué qu’au niveau des communautés et villages, le véritable problème qui concerne la sorcellerie est la peur. « Il faut lutter contre cette peur des sorciers. Qui est créé comme une psychose dans les esprits. Alors qu’il faut organiser avec les populations des sessions de sensibilisation, d’informations et de formations sur les mécanismes et stratégies de la sorcellerie, de manière à ce qu’il n’est plus peur du sorcier mais avoir les armes nécessaires pour lutter contre cette pratique », propose le père Poda.

Paul Gomez Ehounou, ancien sorcier et converti au christianisme, il y a des années, a développé la thématique sur le processus de libération de la sorcellerie. Il est, aujourd’hui, responsable du ministère catholique Sainte Famille de Dabou. Pour lui, si on prend la peine de respecter les lois de l’Eglise, on aura toujours de bons chrétiens. « 80% de nos baptisés sont des diplômés. Mais ils n’ont aucune spiritualité. C’est pourquoi dans nos paroisses, pendant le temps de préparation, ils sont nombreux. Après la première communion, ils désertent l’église. Ils ne viennent plus aux messes », révèle l’ex sorcier.

LIRE AUSSI: Côte d’Ivoire, Mgr Ahouana : « Dans nos communautés, il y a des gens vraiment encrés dans la sorcellerie »

 La femme qui s’initie à la sorcellerie est plus dangereuse que l’homme. C’est pourquoi, quand l’homme pratique la sorcellerie,

Ayant fait l’expérience de la sorcellerie pendant 12 ans, Ehounou dira que les femmes sont les plus dangereuses en sorcellerie que les hommes. « La femme qui s’initie à la sorcellerie est plus dangereuse que l’homme. C’est pourquoi, quand l’homme pratique la sorcellerie, on ne le considère pas comme puissant. Mais une femme qui pratique la sorcellerie fait peur à tous les sorciers. Parce que c’est plus facile à la femme de faire le mal que l’homme », dit-il. Pour conclure, il soutient que dans la sorcellerie, il y a beaucoup de modes opératoires. Mort par braquage, les accidents de circulation etc sont le fait de la sorcellerie. Le sorcier ne peut être sélectionné qu’à travers une chose : « Si tu n’es pas naturellement méchant, tu ne peux pas être sorcier. »

Magloire Madjessou

PARTAGER