Le taux de 29,24% au Bac doit interpeller d’abord les formateurs (Contribution)

Samuel Kouakou est un évaluateur qualifié et président d’Initiative ivoirienne d’évaluation (2ieval) et vice-président de l’Association ivoirienne d’évaluation (Afrea). Il fait une contribution sur le taux de réussite au Bac 2021 en Côte d’Ivoire et donne des perspectives.

Il y a actuellement un grand débat sur le taux de réussite au Bac. Certains pensent que c’est le signe de l’efficacité de l’éducation et d’autres non. Voici ma position (je comprends que beaucoup ne seront pas de mon avis). Lorsque nous étions en classe de Prépa maths spé (Mathématiques spéciales), les meilleures notes tournaient autour de 11 et 12. Seuls une quinzaine sur 150 étudiants étaient les élus.

De retour des congés de Noël, un ami de promotion à fait venir de la France, une annale de maths spéciales. Une fois, un des sujets de maths a été tiré d’une des annales.  Comme vous pouvez l’imaginer, c’était encore une quinzaine d’élus. La suite, qui me paraît intéressante, est que dans cette annale, chacun des devoirs était corrigé et l’on indiquait même les statistiques pour chaque note. 

On lisait par exemple 18/20, 80%. Nous nous demandions si nous étions si nuls. Bien entendu, c’est non. Nous avions tous le Bac série C. Certains l’avaient obtenu au lycée scientifique de Yamoussoukro avec des mentions Assez bien ou même Bien. La réponse que nous avons eu est que les élèves sont évalués sur ce dont ils ont été enseignés en classe. Contrairement aux devoirs soumis aux élèves des classes Prépa en France, les nôtres étaient plutôt des travaux de recherche.

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Un autre cas, toujours en France, m’a été relaté par un ami de classe, qui s’y était rendu suite à l’obtention d’une bourse étrangère après sa maîtrise en maths. Après une évaluation de ces apprenants de Licence, alors qu’il était en année de thèse, le taux d’admission était très inférieur à 80%. Il a été renvoyé à ses copies car pour l’université, un faible taux de réussite signifiait que l’Enseignant n’avait pas su transmettre ses connaissances aux étudiants.

Plusieurs de mes amis qui ont été renvoyés en 1ère année de Prépa maths Sup, sont aujourd’hui des professeurs agrégés d’université ou de hauts cadres dans les entreprises. La Côte d’Ivoire peut-il se payer le luxe d’avoir 80% d’admis au Bac ?  Avons-nous les infrastructures appropriées pour accueillir un grand nombre de bachelier ? Quelles dispositions avons-nous pris pour l’insertion de 70% de recalés au Bac ?

Pour conclure, ma position est que le taux de 29,24% doit interpeller d’abord les formateurs. Sinon, l’on continuera d’organiser un Concours (avec un nombre de places connu à l’avance) au lieu d’un examen de fin de formation.

Le titre et le chapeau sont de la rédaction