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Rébellion en Côte d’Ivoire : 20 ans après, chaque partie justifie son acte, les victimes ignorées

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Guillaume Soro, chef de la rébellion armée, accompagné des Généraux Gueu, Bakayoko etc échangent/Ph DR

Pendant que les différents acteurs se rejettent la responsabilité dans le cadre de la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire, les victimes, elles sont ignorées dans la situation difficile dans laquelle elles ont été plongées.   

19 septembre 2002- 19 septembre 2022. Voilà 20 ans qu’une tentative de coup d’état avortée, muée en rébellion a partagé le pays en deux. Ses acteurs principaux, Soro Guillaume, à la tête de la rébellion avec le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci) et de l’autre côté la partie gouvernementale tenue par l’ex-président Laurent Gbagbo.

Cette rébellion qui a endeuillé de milliers de familles ivoiriennes du nord, au sud en passant par l’ouest et le centre, a combattu pendant neuf (9) ans (2002-2011) le régime du président Laurent Gbagbo. C’est le 14 avril 2011 que cette ex-rébellion baptisée Force républicaine de Côte d’Ivoire (Frci) en mars 2011 par Alassane Ouattara parviendra à renverser le régime de l’ex-président, et ce, grâce à la France.

Aujourd’hui 20 ans après, jetant un regard rétrospectif sur leurs actes, Affoussiatou Bamba-Lamine, une proche du mouvement Générations des peuples solidaires (Gps), la branche politique de Guillaume Soro, estime que « on a mené le juste combat mais pour la mauvaise personne ». Cette affirmation de cette proche collaboratrice de l’ex-président de l’Assemblée nationale qui barre la Une du canard ‘’Générations Nouvelles’’ du 20 septembre 2022 est le reflet des relations existantes entre les deux complices d’hier, à savoir le président Alassane Ouattara et Guillaume Soro.

En effet, après s’être offert en victime résignée afin qu’Alassane Ouattara parvienne au pouvoir, les relations entre les deux hommes vont prendre du plomb dans l’aile surtout, en décembre 2019, date à laquelle Guillaume Soro devenu persona non grata en Côte d’Ivoire, sera interdit de rentrer au pays et contraint donc en exil.      

Se prononçant le mardi 20 septembre 2022 sur cette date commémorative de la rébellion, Joël N’Guessan, ancien porte-parole du Rhdp, parti au pouvoir, a affirmé, « on n’avait pas besoin de cette situation ». L’homme politique qui s’exprimait sur les antennes de la radio de la Paix a expliqué que la survenue de ces évènements est née de la volonté de certains ivoiriens qui ne voulaient plus de l’ancien président Laurent Gbagbo au pouvoir.

Donc, « il fallait créer des conditions pour le faire partir », a-t-il souligné. En somme, pour ce cadre du Rhdp, si l’ex-président Laurent Gbagbo avait quitté le pouvoir, cette crise n’aurait pas vu le jour, donc la responsabilité de la crise militaro-militaire l’incombe.   

Intervenant sur la même chaîne de radio et sur le même sujet, Koné Katinan a plutôt demandé à leurs adversaires d’hier de reconnaître leurs forfaits. « Que ceux qui ont pris les armes en 2002 reconnaissent qu’ils ont eu tort », a-t-il dit, commentant ces dits évènements. Pour lui, ceux-ci ont eu tort de former une rébellion contre un homme qui, quand même étant victime, n’a cessé de poser des actes en faveur de la paix.

« Le président Laurent Gbagbo a été de toutes les négociations pour emmener la paix dans son pays », a-t-il dit. Avant d’ajouter qu’au nom de la paix, l’ancien président Laurent Gbagbo a signé un décret autorisant le candidat du Rdr, Alassane Ouattara à se présenter à la présidentielle de 2010. Tous ces actes, selon lui, montrent que l’ancien chef de l’Etat n’était pas favorable à la violence et a usé de toutes les voies pour trouver une issue pacifique à la crise. Rien donc ne peut justifier l’existence d’une rébellion contre lui.

Appelé à donner leur avis sur le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, Joël N’Guessan, ancien porte-parole du Rhdp a soutenu que « les populations, elles se sont réconciliées. Les seuls qui ne se sont pas réconciliés se sont les politiciens », a-t-il fait savoir. Koné Katinan, lui a dénoncé le jeu trouble du pouvoir.

Selon le porte-parole du Ppa-Ci, pour une véritable réconciliation, le gouvernement doit poser des actes de bonne foi

Selon le porte-parole du Ppa-Ci, pour une véritable réconciliation, le gouvernement doit poser des actes de bonne foi. Or, le pouvoir Ouattara ne semble pas abonder dans ce sens. Qui a expliqué que dans le but d’apaiser la situation socio-politique, et en prélude à des futures élections, le pouvoir avait promis que d’insérer des représentants du Ppa-Ci.

« Au moment où nous attendons de rentrer à la Cei, elle (Cei) procède à la restructuration des Cei locales. Est-ce-que c’est un jeu qui concourt à la réconciliation nationale ? », s’est-t-il interrogé. Il a déploré aussi la décision du président Alassane Ouattara d’accorder la grâce présidentielle à son prédécesseur. Non sans manquer de faire savoir que cette mesure s’oppose à la volonté du dialogue politique qui a préconisé une amnistie pour Laurent Gbagbo. Selon lui, ces mesures des autorités d’Abidjan qui sont aux antipodes de ce qu’ils promettent ne sont pas des facteurs favorisant la réconciliation nationale. C’est la raison pour laquelle, il a invité les acteurs politiques à poser des actes en faveur de la paix.

La situation des victimes 

20 ans après la rébellion de 2002, les politiciens continuent de se rejeter la responsabilité dans cette crise. Notoirement, ce ne sont pas les victimes qui tireront profit d’une telle situation.

Selon lui, « Pour aller à une paix durable, il faut la manifestation de la vérité, (…), surtout l’indemnisation des victimes ».

Leur situation n’a pas changé, a souligné Issiaka Diaby, sur les antennes de la même radio, non sans manqué d’appeler le gouvernement à indemniser les victimes en vue de garantir une paix durable en Côte d’Ivoire. Selon lui, « Pour aller à une paix durable, il faut la manifestation de la vérité, (…), surtout l’indemnisation des victimes ».

Dès son accession au pouvoir, le président Alassane Ouattara a fait de l’indemnisation des victimes des différentes crises qu’a connu le pays, une de ses priorités. C’est la raison pour laquelle il a mis en place la Commission nationale, vérité et réconciliation (Cdvr) qui était dirigée par l’ex-Premier ministre feu Charles Konan Banny.

Après sa dissolution, en 2015, cette structure a été remplacée par la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv) qui était dirigée par Mgr Siméon Djro Ahouanan, l’actuel évêque métropolitain de Bouaké. Toutes ces commissions ont terminé leur mandat sans pouvoir atteindre leurs objectifs, abandonnant ainsi les victimes, après leur avoir fait espérer une prise en charge de la part de l’Etat.

En 2016, lors de l’ouverture du procès de l’ancien président Laurent Gbagbo et de son ministre Charles Blé Goudé, des personnes ont formé un collectif des victimes de la crise post-électorale pour disent-ils, jouer leur partition dans le cadre de ce procès.

Ceux-ci espéraient voir les deux accusés être condamnés et bénéficier des retombés de ce procès. Mais grande fut leur déception de savoir que leurs vœux n’a pas été exaucé et que jusqu’à présent, leur situation ne semble pas être inscrite dans l’agenda des autorités ivoiriennes.           

Aka Ahoussi 

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