La France, dans son entièreté et sa grandeur, a rendu un hommage national aux 13 héros soldats tués au champ d’honneur, lundi 2 novembre 2019, à l’Hôtels des Invalides. Alors qu’ils s’apprêtaient à appuyer des parachutistes commandos qui avaient découvert une zone suspecte des terroristes lorsque les deux hélicoptères militaires sont entrés en collision.
« Je m’incline devant leur sacrifice », « ils sont morts pour nous tous », a déclaré solennellement Emmanuel Macron lors de la cérémonie aux Invalides. « Ils sont morts en opération, pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde, pour nous tous qui sommes là », a ajouté le chef de l’État face aux 13 cercueils dans la cour d’honneur de l’hôtel des Invalides, qui accueille depuis le XVIIe siècle vétérans et blessés de guerre.
« Leur engagement profond, modeste et discret n’est rendu public que par le sacrifice ultime, loin du fracas des mots inutiles », a-t-il dit en rendant hommage aux soldats tués dans la collision de deux hélicoptères lors d’une opération de combat, dans le nord-est du Mali, et dont les corps ont été rapatriés dimanche. Un par un, le président de la République a décrit en quelques mots l’engagement de chaque soldat et les familles qu’ils laissent derrière eux. Il s’est aussi attaché à raconter la nuit de leur décès.
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« Le vent fouettait la plaine ocre et aride du Sahel, lorsque des commandos firent appel à des renforts aériens. L’ennemi, poursuivi depuis plusieurs jours, avait été repéré et le combat engagé. Mais dans la steppe piégeuse du sud-Mali, parsemée d’acacias prostrés, la tombée imminente de la nuit rendait difficile la progression au sol […], dans ce théâtre, vaste comme l’Europe, la fulgurance vient du ciel », a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron a ensuite évoqué l’arrivée en renfort de plusieurs hélicoptères et le crash des deux appareils. « Leurs équipages, 13 de nos plus valeureux soldats, 13 enfants de France, ont été tués sur le coup. »
« La détermination à faire triompher les valeurs de notre République […]. Nous ferons bloc pour cette vie de peuples libres conquise grâce à nos armées », a ajouté le chef de l’État. Emmanuel Macron a ensuite décerné à chacun le titre de chevalier de la Légion d’honneur, en épinglant la médaille sur le coussin posé sur chaque cercueil.
Plus lourde perte depuis 1983
Ce lourd bilan humain a fait l’effet d’un électrochoc en France, dont l’armée n’avait pas subi de telles pertes depuis l’attentat contre le QG français Drakkar à Beyrouth en 1983, qui avait fait 58 morts. Leur mort a également relancé les questions autour de l’engagement français au Sahel, où la situation sécuritaire ne cesse de s’aggraver, même si seul le parti de gauche radicale La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon réclame ouvertement le retour des troupes. Les Parisiens ont pu auparavant se recueillir au passage des cercueils sur le pont Alexandre-III en fin de matinée.
Les deux hélicoptères transportant les 13 militaires sont entrés en collision alors qu’ils appuyaient des commandos parachutistes qui avaient repéré des pick-up suspects dans la zone frontalière avec le Niger et le Burkina Faso, une région servant de repères à des groupes djihadistes affiliés à l’État islamique (EI) ou à Al-Qaïda. Aucun des occupants n’a survécu. Les 13 soldats tués, tous officiers et sous-officiers, servaient au 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC), au 4e régiment de chasseurs (4e RCH), au 93e régiment d’artillerie de montagne (93e RAM) et à la Légion étrangère.
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Un changement de stratégie ?
L’opération française Barkhane mobilise 4 500 hommes dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l’Europe, pour lutter contre les groupes armés. Mais, après six ans de présence ininterrompue, et 41 morts côté français, l’horizon est de plus en plus plombé. Les violences djihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu’au Burkina et au Niger voisins. Les pertes sont de plus en plus lourdes pour les armées locales, débordées.
Titre et Chapô sont de la rédaction
Source : Le Point et Afp