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Duekoué : 21 ans après, le 19 septembre 2002, comment la ville martyre, renaît de ses cendres

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Duekoué reniait de ses cendres, après 21 ans/Ph DR

La ville de Duekoué est chef-lieu de la région du Guémon, à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Cette ville, considérée comme la porte d’entrée du grand ouest, a longtemps vécu des traumatismes lors des différentes crises politico-militaires qui ont secoué le pays depuis le 19 septembre 2002 jusqu’en octobre 2020. Duekoué fait tout de même l’effort de renaître de ses cendres et redevenir un havre de paix et un pool économique attrayant. (Dossier)

Située dans la région du Guémon dont elle est le chef-lieu, la ville de Duekoué a payé un lourd tribut lors de la crise militaro-politique de 2002. Cette ville a encore souffert lors de la crise post-électorale de 2010.

Les populations ont encore vécu le traumatisme lors de la crise post-électorale d’octobre 2020. Chaque fois qu’une crise politique survient dans en Côte d’Ivoire, la paix et la cohésion sociale est mise à rude épreuve dans la ville de Duekoué. Cette situation délétère pousse parfois des jeunes, des vieux, des femmes, des enfants et bien d’autres à aller s’installer ailleurs.

Rétablir la confiance entre les populations et les militaires

Le président du collectif des chefs de communautés de la région du Guémon Gouaty Bi Irié Constant, par ailleurs président de la cellule civilo-militaire du département de Duekoué a confié que les choses se normalisent dans cette partie de la Côte d’Ivoire, car les populations ont réappris à vivre ensemble. Mais pour y parvenir, plusieurs actions ont été entreprises, notamment la réinstauration de la confiance entre l’armée et les populations.

« Pendant la guerre de 2002 jusqu’en 2011, il y a une fracture entre les civils et les militaires. J’ai d’ailleurs vécu toutes les guerres qui se sont déroulées ici depuis 2002. Mais aujourd’hui, notre rôle en tant que président de la cellule civilo-militaire, notre rôle, c’est de briser ce mur de méfiance entre les civils et les militaires, prévenir les conflits qui pourraient survenir entre les civils et les militaires.

Nous allons au-delà de cet aspect, car notre rôle, c’est aussi de prévenir les conflits communautaires et les résoudre si possible. C’est ce à quoi nous nous attelons actuellement. Quand il y a un problème, c’est à moi que les autochtones s’adressent et ensemble, on essaye de résoudre le problème. Je peux vous assurer qu’il n’y a plus de problèmes entre les communautés » a-t-il rassuré. Pour lui, cette manière de procéder permet d’anticiper sur d’éventuels conflits.

La cellule civilo-militaire de Duekoué a également initié des séances de pratiques sportives pour rapprocher davantage les populations des autorités de la ville. Ces séances se tiennent tous les derniers samedis du mois et rassemblent les militaires, les populations et toutes les couches socio-professionnelles de la ville de Duekoué.

« On se réunit et on marche ensemble. La dernière fois, nous étions au nombre de 400 personnes qui avaient marché. Il y avait des musulmans, il y avait des chrétiens, des mécaniciens. Tout le monde était là. On a marché et c’était très intéressant. Tout ceci est à mettre à l’actif du préfet du Guemon, M. Ibrahima Cissé », a révélé Gouaty Bi Irié Constant.

Les victimes de Nahibly et Duekoué carrefour veulent être indemnisés

Les quartiers de Duekoué Carrefour et Nahibly ont été fortement secoués. En mars 2011, certaines organisations des Droits de l’Homme révélaient que le quartier « Carrefour » situé près du centre-ville de Duekoué a été le théâtre de massacre d’hommes en arme. Près d’un millier de personnes avait perdu la vie. Idem pour Nahibly, un village situé à la sortie de la capitale du Guémon qui avait accueilli des réfugiés pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Ce camp a été incendié. Toutes ces victimes ont pardonné, mais elles exhortent le gouvernement à leur accordé de l’important en leur apportant une aide financière et matérielle en guise d’indemnisation. 

Tout ce que nous voulons, c’est être indemnisés. Nous n’avons plus de rancunes.

« Tout ce que nous voulons, c’est être indemnisés. Nous n’avons plus de rancunes. Nous demandons simplement à l’Etat de venir nous indemniser » a confié une victime qui a insisté pour garder l’anonymat.

Duekoué devient l’une des villes les plus sécurisées de Côte d’Ivoire

La commune de Duekoué, au recensement de 2021, comptait plus de 221 000 habitants. Pour mettre cette population à l’abri, l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé de faire de la sécurité, l’un des pans les plus importants de sa politique. Ainsi, un deuxième commissariat sera très bientôt inauguré dans cette ville par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Un acte salué par l’ex-maire Honoré Guibony. « En même temps que le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité va inaugurer ce commissariat, il va faire la pose de la première pierre d’un troisième commissariat. Il faut que la ville soit sécurisée.

Duekoué , ville sécurisée maintenant…

Je veux remercier le président de la République pour avoir donné une CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité) à Duekoué. Il s’agit de la CRS 7. Il y a aussi une compagnie et un peloton de gendarmerie. La CRS de Duekoué a 200 éléments, la compagnie de gendarmerie a également 200 éléments et le peloton, pour le moment, les éléments sont à plus de cent et ils seront bientôt 200. On aura presque 600 corps habillés à Duekoué » s’est-il réjoui.

Il faut signaler que le cantonnement des Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) qui ont en charge la sécurisation les frontières du Libéria et de la Guinée, est basée à Duekoué. La brigade de gendarmerie mène une lutte acharnée contre le grand banditisme, notamment les coupeurs de route.

 Un pool économique en devenir

La capitale de la région du Guemon veut devenir, à moyen ou à long terme, un pôle économique hors pair. Les autorités locales s’activent à rendre cela possible. Aujourd’hui, à Duekoué, il existe de nombreux centres commerciaux, des boulangeries et d’autres commerces qu’on retrouve dans les grandes villes. Les entrepreneurs nationaux et étrangers se bousculent dans cette ville qui, par le passé, était vue comme une hécatombe.

Gabriel El Rhilani, investisseur luxembourgeois et son associé congolais Baudouin Lofombo ont décidé de faire de Duekoué, un port sec. Lors de son intervention, le Luxembourgeois a indiqué qu’il existe un réel besoin en infrastructures immobilières et industriels dans la capitale du Guemon. « Quand tu visites un marché, il y a deux manières de l’aborder. Soit, tu apportes ta solution, soit, tu observes, tu écoutes, tu te renseignes, tu regardes quels sont les besoins, quelles sont les attentes des populations.

Tu regardes pour voir si tu as les capacités d’y répondre. C’est ce qui nous amène à Duekoué. C’est à force d’échanger avec les gens sur le terrain, qu’on a pu prendre connaissance du besoin d’infrastructures lier notamment au port de San Pedro. Pour nous, la boucle est bouclée.  Nous allons étudier la possibilité d’installer un port sec. Cela devra se faire en adéquation avec les autorités locales, spécialement la mairie de Duekoué et les autorités portuaires. Cela s’inscrit dans un cycle de développement qui devrait profiter à la région. Mais également au pays », a declaré Gabriel El Rhilani.

Ces investisseurs étrangers affirment ne pas craindre, car la sécurité est de retour dans la ville de Duekoué.. Des écoles, des centres de santé, des routes sont en train d’être construites. « Aujourd’hui quand je vois ma ville, je suis fier. On peut circuler librement. Les routes sont praticables. Avant je roulais taxi à Abidjan mais maintenant j’ai préféré venir rouler ici. Je gagne bien ma vie. Chaque jour je prie que le pays soit stable », a confié Rodrigue Gueu, chauffeur de taxi.

En somme, il faut savoir que cette ville qui était évitée par une franche importante des fonctionnaires ivoiriens, des investisseurs privés, devient aujourd’hui « Duekoué la Convoitée »

Source : Linfodrome.com

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