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Santé mentale : l’Eglise catholique préoccupée par les personnes atteintes de troubles mentaux

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Père Arnaud Ameletchi, en face du micro, Prof Koua, M Say et père Abekan...panélistes du jour/Ph Credo

La question de la maladie mentale préoccupe l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire. Cette problématique a été abordée au cours de la conférence de presse organisée par la Commission épiscopale pour la pastorale sociale et du service du développement humain intégral. Les pères Arnaud Ameletchi, Secrétaire exécutif national de la pastorale de la santé, Eric-Norbert Abekan, Secrétaire exécutif de la commission justice et paix et Prof Médard Koua, Directeur du Programme et la coordination de la santé mentale ont échangé, lundi 10 février 2025, au siège de la conférence épiscopale, sise à Palmeraie Cocody.

L’Eglise catholique de Côte d’Ivoire veut prendre le problème des malades mentaux à bras le corps. Pour elle, ces personnes souffrant de cette maladie ont besoin du soutien, de la solidarité et de la miséricorde des bonnes volontés.

C’est pourquoi, à l’occasion de cette conférence, les évêques catholiques ont produit une déclaration lue par le père Arnaud Ameletchi, Secrétaire exécutif national de la pastorale de la santé.

« Nous sommes appelés à reconnaître le visage de Jésus souffrant en ces frères et sœurs, abandonnés qui souffrent de maladies mentales, couramment appelés « fous » qu’il n’est pourtant pas difficile de voir ou de reconnaître », a affirmé le père Amelectchi, en lisant la déclaration des évêques catholiques.

Nous sommes appelés à reconnaître le visage de Jésus souffrant en ces frères et sœurs, abandonnés…

Selon la conférence épiscopale, la situation tant dramatique que déplorable de ces frères et sœurs ne nous touche pas, ne nous ébranle pas.

 « Notre inaction n’est-elle pas le signe que nous nous sommes aussi laissés contaminer par la « mondialisation de l’indifférence » au point de nous accommoder, malheureusement de leur situation qui, en principe, au nom de notre foi, devait nous choquer, nous fendre le cœur, nous ébranler », a laissé entendre les pères évêques catholiques.

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A en croire le père Ameletchi Arnaud, en regardant ses frères et sœurs, nous trouverions des solutions, sentirons la voie du Seigneur qui nous appelle, à nous occuper et à trouver des solutions pour eux. Il a adressé une invitation à l’Etat de Côte d’Ivoire à la prise en charge des personnes malades. « Mobiliser toute la communauté catholique et société civile à une action collective contre la stigmatisation et l’intégration sociale de ses frères et sœurs malades ».

Il a adressé une invitation à l’Etat de Côte d’Ivoire à la prise en charge des personnes malades

Père Abekan a expliqué au cours de son intervention, qu’il préfère la méthode voir, juger et agir. Selon lui, il nous faut enlever nos lunettes déformantes, qui font que quand nous voyons ces personnes atteintes de maladies mentales, nous essayons de dire : c’est un fou ou une folle. Ce regard que nous portons sur cette personne est négative.

Pour le père Abekan, ils sont nombreux tous ces blessés assis au bord de la route, mais nous passons. « Notre foi nous demande d’agir et réagir. Si nous décidons, il n’y aura zéro malade mental dans nos rues », espère-t-il.

541 camps de prière

Faisant le diagnostic des camps de prières et structures en charge de traitement psychiatrique, le Prof Koua, directeur-coordonnateur du programme national de la santé mentale, a révélé qu’il y a 541 camps de prières et 45 structures psychiatriques en Côte d’Ivoire.

Père Arnaud Ameletchi, en face du micro, Prof Koua, M Say et père Abekan…panélistes du jour/Ph Credo

Pour le Prof Médard Koua, des personnes ne croient pas que les problèmes de santé se traitent à l’hôpital. « Pour beaucoup ce n’est pas simple qu’il y a un esprit sur la personne ou qu’il serait envoûté. On est face à la même problématique que le Vih en 1980 et les maladies tropicales négligées (lèpre etc). L’Eglise a une expertise historique. Pour que les préjugés autour des malades mentaux soient levés », prévient-il.

541 camps de prières et 45 structures psychiatriques en Côte d’Ivoire

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Pour finir, Prof Koua a félicité l’Eglise catholique pour cette initiative pour l’amélioration des conditions sociales et sanitaires de personnes souffrant de maladies mentales, singulièrement les personnes en errance qu’on observe dans les rues, communes et souvent cachés dans nos maisons en Côte d’Ivoire.

Selon lui, « c’est courageux et c’est naturellement dans la tradition de l’Eglise catholique d’être au service humain. C’est un soulagement de savoir que l’Eglise catholique se tient au côté de la politique sanitaire de l’Etat de Côte d’Ivoire pour aborder ensemble la question de la qualité de vie, de la dignité des personnes qui souffrent de maladies mentales ».

Stratégies de l’Eglise catholique

Daniel Say, responsable suivi-évaluation à la Caritas de Côte d’Ivoire, a axé son intervention sur 3 stratégies à propos de la santé mentale dont l’Eglise catholique veut en faire son cheval de bataille. Pour ce membre de la Caritas, l’Eglise doit mobiliser les familles, communautés chrétiennes, apporter des soins, identifier et former les bénévoles dans les paroisses.

Autre démarche que l’Eglise compte entreprendre c’est le renforcement des capacités des familles ; un plaidoyer en faveur des malades ; revoir le côté socio-économique avec les partenaires et comment gérer l’adaptation et enfin pouvoir porter l’information.

Magloire Madjessou

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