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Démolition à Adjamé village : Père Abekan dénonce et « pleure » avec eux…

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Père Eric Norbert Abekan appelle les chrétiens catholiques à s'enrôler dans les centres de vote/Ph DR

Démolition totale du quartier d’Adjamé village dans la commune d’Adjamé. Il y a quelques semaines, ce gros quartier de cette commune a été avalé et démoli par des bulldozers et autres. Malgré les cris de détresse et souffrance de ce peuple, rien n’y fit. Père Norbert Abekan, ambassadeur de la paix pour l’Unesco et curé de la paroisse Saint Jacques des II Plateaux Cocody, dans son poème, revient sur cette tragédie dont souffre encore ce peuple Atchan d’Adjamé village.

ADJAMÉ, mon village !!!

À Adjamé, je me suis rendu.

De mes propres yeux, j’ai vu.

J’ai vu la misère de mon peuple, pillé, mon peuple blessé 

Physiquement, moralement, économiquement,

Psychologiquement, culturellement. 

De mes propres oreilles, j’ai entendu.

J’ai entendu les cris de souffrance et de désolation d’un peuple dont on se détourne, à l’image d’un lépreux, mendiant au bord de la route.

De mes propres mains, j’ai touché. 

J’ai touché le corps de mon peuple ensanglanté, meurtri, 

Mon peuple, trainé dans la poussière, sous des monstres, aux dents de fer,

Écrasé.

C’est l’enfer, à Adjamé, mon village. 

Oui, à Adjamé, je me suis rendu,

En ce mois d’août et je me croyais en Août 1945, à

Hiroshima, 

Je me croyais à Nagasaki

Devant un tableau apocalyptique. 

Une grande partie d’Adjamé, 

Détruite.

Des maisons historiques, symboliques comme celle de l’ancêtre NANGUY ABROGOUA,

Détruites, 

Des temples, à la Gloire et à la louange de DIEU 

Détruite.

À Adjamé, l’on a « écrasé » DIEU.

Adjamé, œuvre de tant d’années, en une nuit de folie,

Effacée. 

L’histoire de mon peuple, au pied, foulée.

Et sur l’autel d’un certain développement sans âme ni cœur, l’histoire de mon peuple, dans la poussière, sous des décombres, est

Sacrifiée.

Quelle misère sans miséricorde !!!

Quels gâchis !!!

Quel affront !!!

Mon peuple, si accueillant, si hospitalier, aujourd’hui,

Agonisant, en monnaie de singe, 

Est payé.

Vous avez, unilatéralement, décidé de nous imposer une guerre ?

Mais sachez que cette guerre, nous la ferons !

Bien sûr, nommé Ambassadeur de la Paix par l’Unesco Côte d’Ivoire, 

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Je n’inviterai jamais, à prendre les armes de ceux et celles qui se nourrissent de violence : les machettes, les faucilles, les gourdins, les couteaux, les cailloux, les pistolets etc…les armes des ennemis de la paix.

Mon Peuple utilisera, comme il sait toujours le faire, les armes de non-violence, la prière, le dialogue, la vraie justice…

Oui, vous nous imposez une guerre, nous la ferons !

Nous la ferons jusqu’au dernier des Mohicans pour ne pas dire jusqu’au dernier des Tchamans.

Mon peuple Atchan n’acceptera point que sa Tradition (ses fêtes de générations), son histoire, bref sa culture soient écrasées sous des bulldozers protégés et escortés par des agents qui ont prêté serment de nous protéger. 

Comprenne qui pourra !

Et si nous décidions de protéger la personne humaine d’abord avant les machines !…

Par ailleurs, si nous choisissions dans ce pays de détruire toutes ces cases recouvertes de pailles dans le Nord, dans l’Ouest, près des montagnes, dans l’Est, dans le Centre près des Caïmans pour dresser des buildings, des magasins, des hôpitaux, des villas et des appartements de haut standing dans le Nord, dans l’Ouest, dans l’Est, dans le centre, pour un développement humain intégral, 

Notre beau pays, la Côte d’ivoire serait encore plus beau et plus belle. Après la destruction de nos maisons, vous nous tenez avec beaucoup d’orgueil, des discours de vainqueurs. 

Vos paroles qui puent la suffisance, nous humilient énormément. 

Vos propos me renvoient au grand colon blanc superpuissant qui est venu apprendre à nos ancêtres à manger, à s’habiller, à vivre comme eux, les « émancipés « 

Je vous laisse cette question messieurs et mesdames donneurs de leçons.

Est-ce la ville envahissante qui s’est approchée du village ou le village qui est venu se planter en plein coeur de la ville ?

Indirectement, guidés par l’argent, enivrés par des milliards, voici ce que vous nous dites:

Quittez vos traditions,

Oubliez vos coutumes et vos costumes de chefs Atchan, 

Faites disparaître vos fêtes de générations, vos fanfares et vos danses  » guerrières « .

Supprimer à votre table, votre attieké ( ayï)que nous apprécions, votre agbodjama, mangez maintenant du caviar au Champagne. 

Comme des caméléons prenez, prenez la couleur 

de la vie en ville. 

En bref vendez votre âme, au dieu Mammon et installez-vous sur votre lagune.

Quelle honte!

Quels propos irrévérencieux !

Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas que l’on vous fasse. C’est la Règle d’or.

Je ne permettrai Jamais que le brave peuple Senoufo perde son poro, au nom d’un certain développement qui traverse sa terre.

Alors pourquoi vous nous imposez une telle guerre  » d’apartheid « de perte de notre dignité, de nos valeurs écrasées sous des bulldozers ?

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Cette guerre, mon peuple la fera !

Cette guerre, nous la ferons jusqu’au dernier des Mohicans, 

J’allais dire jusqu’au dernier des ATCHANS.

S’il vous plaît, soyez plus humains.

Finie humiliation!

çà suffit!!!

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