Côte d’Ivoire, Cardinal Kutwà recadre les communautés nouvelles face à leur propension à l’argent et le pouvoir

La Communauté catholique mère du divin amour (Cmda) a célébré ses noces de perle, le dimanche 3 février 2019, à la Chapelle Saint François d’Assise de la Maison générale de Palmeraie Cocody (Abidjan). Au cours de cette célébration eucharistique présidée par Jean Pierre Cardinal Kutwà, Archevêque d’Abidjan, il a dénoncé les dérives dont sont l’objet les communautés et fraternités nouvelles catholiques.

Les communautés nouvelles et fraternités catholiques sont devenues une force incontournable dans l’évangélisation en Côte d’Ivoire, depuis 1990. L’Eglise catholique en compte plus de 200 communautés qui participent à la vie ecclésiale et entretiennent la fibre de la foi avec des milliers de chrétiens.

Alors que depuis quelques années, elles ne sont plus adulées par une partie du clergé et des fidèles. Entre autres raisons évoquées, leur trop grande propension à l’argent, le pouvoir, des bergers « infaillibles » une doctrine catholique souvent mal véhiculée, etc  constatées dans les campagnes d’évangélisation ou de prières.

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« Nous sommes nombreux à nous interroger quant aux thèmes de vos nombreuses campagnes d’évangélisation. Dans l’ensemble, beaucoup de ces thèmes sont inspirés d’écrits vétérotestamentaires, comme si la révélation biblique s’était brusquement interrompue avec l’Ancien testament », s’est interrogé le Cardinal Kutwà, dans son homélie.

Dans l’avant-propos du livre du fondateur de la communauté, Jean Clément Akobé, l’Archevêque d’Abidjan et Supérieur ecclésiastique de cette communauté, avertissait, déjà, ses fils spirituels sur les éventuels dangers que rencontrerait la Cmda.

«  Le 19 mai 2012, je m’étais autorisé à vous avertir sur les dangers qui planent sur vous en vous invitant à résister aux chants de sirène de la division qui ont pour nom : l’argent, le pouvoir et le refus de se réconcilier. Sans être pessimiste, beaucoup de nos concitoyens s’interrogent à tort ou à raison sur votre rapport à l’argent (…) En effet, la tentation est grande aujourd’hui de vouloir faire du Christ, un fonds de commerce juteux et rentable à tous les égards », a-t-il dénoncé.

La Cmda, au vue de son expérience spirituelle datant de 30 ans, devrait se distinguer des actes compromettants qui ternissent l’image de l’institution reconnue comme communauté de vie, le 19 mai 2012, à Abidjan. C’est à juste titre que le Cardinal précisera que « votre vocation au sein de l’Eglise et du monde vous interdit de chercher à tirer profit financièrement parlant de la souffrance de vos frères et sœurs, et du regain de spiritualité qui gagne nos Etats africains .»

Une communauté de vie structurée, il y a 30 ans

En janvier 1989, une histoire de vie communautaire, à l’exemple des premiers Apôtres, va germer dans l’esprit des pionniers dont Jean Akobé, Charlotte Anassé, Guy Koutouan, Marie Laure Boni, Hortense Akobé et Germain Koutouan. En dépit de quelques péripéties jalonnant leur projet, ils vont y croire avec pour vocation « d’Etre amour au cœur de l’Eglise et du monde ». Des missions de prières et d’évangélisation sont organisées, en 1990, avec l’avènement du Renouveau charismatique dans l’Archidiocèse d’Abidjan.

Des jeunes gens vont y adhérer pour approfondir leur foi et étendre le mouvement. Sous la conduite de Bernard Cardinal Agré, le 16 janvier 1977, elle est reconnue « temporairement » comme communauté catholique. Forte de 1800 membres, la Communauté a des instituts religieux (masculin et féminin). Elle est implantée dans les pays de la sous-région, en Europe et Canada et Etats-unis.

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Ce trentenaire a réuni des évêques ivoiriens, burkinabè, français, des autorités politiques, civiles et de nombreux fidèles catholiques.

Magloire Madjessou