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Présidentielle 2020 : Depuis Bouaké, une organisation de la société civile fait le point de la situation

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Doumbia Soumaïla, Coordonnateur fait le point de son organisation/Ph Credochristi.com

Doumbia Soumaila, Coordonnateur général de la Plateforme de la société civile pour la paix et la démocratie (Pscpd), a dans une déclaration dont copie est parvenue à Credochristi.com, ce lundi 2 novembre 2020, fait le point de la situation pré et post -électorale dans plusieurs régions de la Côte d’Ivoire. La déclaration

I- Contexte

Le Samedi 31 octobre 2020, les Ivoiriens se sont rendus aux urnes pour l’élection présidentielle dans un contexte de tensions, de violences et d’opposition entre acteurs politiques. L’opposition a lancé un appel à la désobéissance civile et affiché sa volonté de boycotter le scrutin du 31 octobre 2020. Malgré le contexte sensible décrit précédemment, cette élection s’est finalement tenue. Ainsi, dans le cadre de ses objectifs de promotion de la démocratie et la bonne gouvernance « La Pscpd engagée et mobilisée pour des élections pacifiques et crédibles en Côte d’Ivoire en 2020 ». Pour ce faire, la Pscpd a déployé soixante (60) observateurs sur l’étendue du territoire national dont 30 dans la région de Gbêké.

1- Au titre de la liste électorale et des cartes d’électeurs :

La révision du fichier électoral a produit une liste définitive de 7 317 413 électeurs répartis dans 10 815 lieux de vote et 22 381 bureaux de vote. L’opération de distribution des cartes d’électeurs s’est déroulée dans un contexte d’intimidation et de violence. Selon la CEI, 41% des cartes d’électeurs ont été distribuées.

2- Au titre des dépôts des candidatures : 

Sur les 44 enregistrés par la CEI, 04 ont été retenus par le Conseil constitutionnel. Parmi les 4 candidats retenus 2 ont estimé que les conditions de vote n’étaient pas réunies pour des élections transparentes et crédibles notamment « la candidature illégale du président sortant », la réforme du Conseil Constitutionnel, la Commission Électorale Indépendante et l’audit international de la liste électorale.

3- Au titre de la campagne électorale :

 La campagne électorale s’est déroulée du 15 octobre à 00 heure au 29 octobre 2020 à 00 heure. Cette période a enregistré des discours de haine, d’incitation à la violence notamment sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, la campagne électorale a été émaillée d’incidents dans certaines localités du pays notamment à Dabou, Bonoua, MBahiakro, Bongouanou. Ces incidents ont parfois dégénéré en violences et affrontements au niveau communautaire, des destructions de biens, des arrestations, des enlèvements, des actes d’intimidation, des atteintes à l’intégrité physique et des pertes en vies humaines.

II- Du déroulement des opérations de vote

La journée d’appel aux urnes tant attendue du 31 octobre s’est finalement déroulée dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire où nous avons déployé 60 observateurs. Soit un observateur par région et le reste dans le Gbèkè. Dans l’ensemble les élections se sont passées dans le calme par divers endroits, mais émaillée de violences dans plusieurs localités dont : Sakassou, Tiebissou, Yamoussoukro, Abengourou, Bangolo etc…

Nos observateurs nous ont rapporté que tous les bureaux de vote n’ont pas   ouvert à 8h 00 conformément aux dispositions du cadre légal. Certains disfonctionnements liés au convoyage du matériel de vote, à l’absence d’un membre du bureau de vote ou la tension perceptible dans la localité ont justifié l’ouverture tardive de ces bureaux de vote. En plus, ils ont aussi mentionné la fermeture de certains centres de votes comme à Botro, Brobo, Djebonoua,

Nos observateurs ont mentionné la présence de certains observateurs internationaux (EISA, le Centre CARTER) et nationaux (CNDHCI, CSCI, WANEP, INDIGO-CI) dans certains bureaux de vote.

Les opérations de clôture dans les bureaux de vote ont été aussi observées par nos observateurs. Ils nous ont rapporté que l’ensemble des bureaux a fermé à 18h 00. Mais dans certaines zones où on a enregistré des tensions vives ou des violences, les bureaux de votes ont fermé beaucoup plus tôt avant l’heure prévue par le cadre légal.

En attendant les résultats provisoires proclamés par la CEI, nos observateurs ont constaté que l’après élection est marquée par une montée des violences due aux rumeurs d’attaque. Cette tension est perceptible dans beaucoup de régions.

Face à ce climat tendu et belliqueux, et si on n’y prend garde, notre nation risque de retomber dans un conflit meurtrier comme par le passé. C’est pourquoi, la PSCPD recommande :

Au Gouvernement

– Ouvrir un dialogue inclusif avec l’opposition ;

-Mettre tout en œuvre pour garantir la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire.

– Créer les conditions favorables à une réconciliation durable ;

– Mettre tout en œuvre pour identifier et arrêter les propagateurs de rumeurs et de fausses informations

A la Commission Électorale Indépendante (CEI)

– Agir dans le strict respect du cadre légal ;

Aux partis politiques et aux candidats

– Lancer des appels à la non-violence aux militants et aux sympathisants ;

– Faire recourir au dialogue et aux voies légales pour le règlement des différends post-électoraux ;

– Observer les dispositions du code de bonne conduite des partis politiques.

Aux forces de défense et de sécurité :

– De maintenir l’ordre dans le cadre légal et le strict respect des droits de l’homme ;

– D’agir de façon professionnelle sur le terrain et de respecter l’utilisation exclusive des armes conventionnelles lors des opérations de maintien d’ordre.

Aux médias et presses en ligne :

– Respecter l’éthique et la déontologie du métier de journalisme ;

– S’abstenir de diffuser toute information qui pourrait exacerber la crise.

Aux utilisateurs des réseaux sociaux :

– Vérifier les informations relayées sur les réseaux sociaux afin de freiner la propagation des rumeurs et des fausses informations.

Aux leaders religieux et traditionnels :

– Continuer à prêcher la paix et la concorde sociale ;

– Sengager davantage dans la diplomatie préventive en accord avec dautres organisations de la société civile.

Aux acteurs de la société civile,

– Intensifier leur rôle de veille et d’alerte

– S’engager davantage dans la diplomatie préventive.

FAIT A BOUAKE, LE LUNDI 02 NOVEMBRE 2020

Le Coordonnateur Général

Doumbia Soumaila

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