Accueil A la une Lutte contre la corruption : Le combat d’une Ong engagée dans la...

Lutte contre la corruption : Le combat d’une Ong engagée dans la phase de sensibilisation

PARTAGER
Les responsables dévisagent le Tee-shirt de Corruption/Ph DR

Après avoir obtenu des résultats probants à travers les campagnes de sensibilisation qu’ils ont mené contre la corruption, les membres de l’Ong ‘’ SOS Transparence’’ malgré les difficultés, continuent de faire de la prévention de la corruption, leur cheval de bataille pour endiguer ce phénomène dans ce pays. 

La corruption, c’est lorsque quelqu’un profite de sa position pour satisfaire un besoin personnel au détriment de ses obligations professionnelles. En Côte d’Ivoire nombreuses sont les personnes qui s’adonnent à de tels actes. Ange Kessy, le Commissaire du gouvernement dans ses visites surprises sur le terrain, que ce soit à Yamoussoukro (les 28 et 31 mai 2020), ou à Abidjan en cette année 2022, n’a pas manqué de prendre des agents des forces de l’ordre la main dans le sac.

Ces agents étaient en train de racketter les chauffeurs, en violation de l’éthique de leur profession. En fin d’année scolaire, il n’est pas surprenant de voir des candidats au Bepc ou au Bac, se rendre aux oraux de leurs examens respectifs avec des billets de banque en poche. Ces billets de banque serviront à monnayer leurs notes à la demande de l’examinateur, témoignent de nombreux candidats s’étant prêté à l’exercice.

A la mairie comme à la sous-préfecture, parfois, les usagers excédés par des va-et-vient sont obligés de rentrer dans ‘’le contexte’’ pour obtenir leurs pièces administratives. Dans les services financiers comme aux impôts, au trésor public, etc., les entrepreneurs n’échappent pas à cette réalité. Après avoir exécuté un marché, les entrepreneurs contre leur gré sont contraints de proposer des pots-de-vin aux agents payeurs dans l’espoir de voir leurs factures être payées. En Côte d’Ivoire, le phénomène a tellement pris de l’ampleur que selon les chiffres du ministère de la Promotion de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, ce sont 1 400 milliards de F Cfa que le pays perd chaque année à cause de cette gangrène.

Lutte contre la corruption, le cas de l’Ong ‘’SOS Transparence’’

Interrogé sur les raisons de la corruption, Issa Ouattara, président fondateur de l’Ong ‘’SOS Transparence’’, indique que la corruption dans l’administration est favorisée par le niveau des salaires. Les salaires sont bas. Toute chose qui selon lui, emmène le fonctionnaire à céder à la corruption. La pauvreté, la malhonnêteté de leurs supérieurs hiérarchiques poussent parfois les subalternes à se laisser prendre dans l’engrenage de la corruption en vue d’assouvir à leurs besoins personnels. Cette pratique dans l’administration comme dans la vie courante des ivoiriens est devenue une habitude à telle enseigne que l’on se demande si ce phénomène peut prendre fin. Autrement dit, est-ce-que l’on peut lutter contre la corruption en Côte d’Ivoire.

Relire aussi: Mauvaise gouvernance : L’Etat perd par an 1000 milliards FCfa à cause de la corruption

Il a été donné de constater que les Etats traitent le problème de la corruption de manière curatif. Mais en Côte d’Ivoire, les responsables de l’Ong ‘’SOS Transparence’’, cette organisation non gouvernementale qui a vu le jour en 2005 ont décidé de traiter le problème autrement. Ils ont opté pour la manière préventive, c’est-à-dire en mettant l’accent sur la sensibilisation. 

Selon Issa Ouattara, pour prévenir la corruption, il faut « premièrement, avoir une conscience nationale ». Il faudrait que « tout le monde admette que la corruption n’est pas une bonne chose pour notre société, pour notre économie, pour notre épanouissement. Deuxièment, il faut qu’il y ait des règles pour obliger les gens à être redevables. Il faut que dans l’administration, les gens rendent compte de leur gestion quelques soit le poste qu’ils occupent. Troisièment, la sanction.  La sanction peut être positive comme négative, c’est-à-dire si quelqu’un travaille bien, il faut le célébrer, le féliciter. Ça poussera les autres à suivre son exemple, sa probité. Mais si la personne a fauté et que l’on dispose des éléments de preuves, il faut ce dernier subisse la rigueur de la loi ». Ces trois facteurs doivent être couronnés de la volonté politique. Selon lui, c’est seule la volonté politique qui permettra de faire exécuter facilement ces trois éléments dans une lutte préventive contre la corruption.

La volonté politique, Issa Ouattara en a bénéficié en 2002, lorsqu’il était président de la Jeune chambre internationale d’Abidjan Ivoire. C’est sous sa mandature, qu’il a initié en 2001, la semaine nationale de lutte contre la corruption. A travers des conférences et des panels à l’hôtel Ivoire, il a sensibilisé l’opinion publique sur les méfaits de la corruption et a appelé les gouvernants d’alors à prendre des mesures pour freiner ce fléau surtout au niveau de l’attribution des marchés publics. Il n’a pas prêché dans le désert puisque l’ancien ministre de l’Economie et des Finances d’alors, feu Bohoun Bouabré a prêté une oreille attentive à son appel.

Relire aussi: Lagune Ebrié bradée : Des ministres de la République impliqués, le président Ouattara est-il informé ?

Ainsi, en 2002, à l’initiative du ministre feu Bohoun Bouabré, l’ex-président de la Jeune chambre internationale d’Abidjan Ivoire, a été invité à prendre part aux discussions concernant la réforme d’attribution des marchés publics. Cette réforme a abouti à la naissance de l’Autorité nationale de régulation des marchés publics (Anrmp), donc à la séparation des deux acteurs du marché public, c’est-à-dire du contrôle du marché public et de l’autorité nationale de régulation des marchés publics.

Ainsi, Issa Ouattara devenu président de l’Ong ‘’SOS transparence’’, au nom de la société civile a siégé pendant deux mandats au conseil d’administration de l’Anrmp, soit de 2009-2018. Selon lui, même si au sein de l’Anrmp, l’on ne peut pas dire qu’il n’existe plus de corruption, l’on peut  toutefois affirmé que ce phénomène a beaucoup reculé et que la gestion de cette structure devient de plus en plus saine.

Satisfait des résultats obtenus dans la lutte pour la réforme des marchés publics, Issa Ouattara devenu président d’Ong a intensifié la lutte contre ce phénomène à travers plusieurs campagnes de sensibilisation dans plusieurs villes du pays. Ainsi, à Memni (Alepé), à Adjamé, Attecoubé, etc., l’Ong a organisé des conférences dans les écoles en vue de sensibiliser les élèves et les instituteurs à ne pas s’adonner à la tricherie, ni à la corruption. Pour le président de ladite Ong, étant donné que ce sont les enfants qui sont l’avenir de demain, ce sont eux qu’il faut sensibiliser en vue d’obtenir une société sans corruption dans le futur.

Aussi, l’Ong a-te-elle organisé des campagnes de sensibilisation à l’Infas, à l’école de police en vue d’emmener ces acteurs du monde du travail à résister à la corruption pour le bien de la population. En Côte d’Ivoire, ‘’SOS Transparence’’, selon son président a été à la base de la promotion de la journée mondiale de lutte contre la corruption célébrée le 9 décembre de chaque année par les Nations Unies. Issa Ouattara s’est dit heureux de savoir que les autorités politiques se sont approprié la célébration de cette journée du 9 décembre en y faisant à chaque fois une déclaration officielle pour sensibiliser sur les méfaits de la corruption.

De la nécessité de l’Etat à soutenir les Ong 

En plus de ses actions qu’elle a déjà réalisées, ladite Ong voudrait encore faire plus. Mais à l’impossible, nul n’est tenu. Ne bénéficiant pas de moyens financiers ni de la part des structures étatiques, ni de partenaires privés, Issa Ouattara et les membres de son organisation pour le moment sont obligés de ranger les autres projets qu’ils ont au placard malgré eux-mêmes. Mais ayant foi que c’est la société civile qui peut véritablement mettre fin à ce fléau, Issa Ouattara ne cesse d’appeler les responsables des Institutions en charge de la lutte contre la corruption à financer les activités de son Ong et des autres structures engagés dans le même combat.

Selon lui, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (Habg) et le ministère de tutelle doivent soutenir les Ong dans la réalisation des projets de renforcements de capacités des acteurs de la société civile. Le volet sensibilisation doit être une affaire de la société civile et la mise en place du cadre institutionnel et juridique pour l’application des mesures prises, une affaire des institutions en charge de la lutte contre la corruption, a-t-il fait remarquer. L’expérience de Issa Ouattara, avec la Jeune chambre internationale et avec son Ong ont permis de savoir que la sensibilisation contre la corruption est une bonne chose.

Elle aboutit à des résultats probants lorsque les actions des Ong sont soutenues par les acteurs politiques. Mais malgré leur bonne foi les acteurs de la société restent confrontés à des difficultés financières dans leurs engagements. C’est la raison pour laquelle la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance et le ministère de la Promotion de la Bonne Gouvernance doivent conjuguer leurs efforts afin de les aider à contribuer à leur manière à l’éradication de la corruption en Côte d’Ivoire.

Il faut noter que dans le but du lutter contre ce phénomène, le président Alassane Ouattara a créé un ministère chargé de la lutte contre ce phénomène, ainsi que la mise en place de la Haute Autorité de la Bonne Gouvernance. Ce sont ces initiatives qui ont permis en 2021, à la Côte d’Ivoire d’obtenir 36 points sur 100, soit deux (2) points de plus au niveau de l’Indice de perception de la corruption (Ipc) de Transparency International. Une position qui montre les efforts que ce pays fait pour s’éloigner de la zone des pays les plus corrompus du continent.

La mise en place des institutions de lutte contre la corruption ainsi que les textes de loi prises par le gouvernement pour assainir le monde des affaires sont des éléments qui ont permis à ce pays d’engranger ce nombre de points. Car, dans le système de l’évaluation-pays, les Etats ayant entre autres, des institutions de lutte contre ce phénomène sont mieux notés et occupent un meilleur rang dans l’Ipc, explique Issa Ouattara. Mais, en Côte d’Ivoire, malgré la mise en place de ces institutions, est-ce-que sur le terrain les choses ont changé ?, s’est-il demandé. La réponse est non.

Sinon, si vraiment les comportements des ivoiriens avaient changé, Ange Kessy, le commissaire du gouvernement ne ferait plus de descentes surprises sur le terrain pour contrôler les agents des forces de l’ordre ; la ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation, Mariatou Koné, non plus, n’allait pas mettre des mesures vigoureuses pour contrer la tricherie aux examens à grand tirage. Selon Issa Ouattara, c’est bien de créer des institutions en charge de la lutte contre la corruption, mais il faut les doter de moyens humains et matériels afin qu’ils puissent agir et lutter efficacement contre ce fléau à travers la mise en place de mécanismes efficaces et rigoureux.   

Ahoussi Aka   

PARTAGER