Accueil A la une Le Parc national du Banco : Entre mythe et merveilles

Le Parc national du Banco : Entre mythe et merveilles

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La ville d'Abidjan jouit de la forêt du Banco/Ph Credo

Malgré son beau paysage composé de gigantesques arbres au feuillage verdâtre, le Parc national du Banco, avec une superficie de 3. 438,34 ha n’attire pas assez de visiteurs/touristes en raison de la diabolisation dont il est victime de la part de la population. Cette aire protégée est-elle vraiment un nid de bandits, un lieu de rituels ? Incursion au sein de ce parc pour être situé sur la véracité ou la fausseté de ces accusations.

Lundi 26 juillet 2022. Il est 11 h. A l’entrée de l’espace écotouristique du Banco situé du côté de l’autoroute du nord, des agents secteurs habillés dans leurs tenues devisent. Plus loin, devant eux, au portail du parc, des touristes qui viennent de descendre de leurs véhicules remplissent les formalités d’usage afin d’être autorisés à entrer dans le parc. Après le départ des touristes pour le parc, les agents secteurs appelés aussi rangers, eux aussi, armés de machettes et d’armes à feu partent en patrouille dans la forêt du Banco. Après leur départ, arrive le capitaine Bosson, chef d’équipe surveillance, adjoint au chef secteur. Après avoir échangé avec lui, notre équipe de reportage est autorisée à son tour à pénétrer dans le parc.

A bord du véhicule d’un visiteur, sur une piste, identique aux pistes villageoises, dans un véhicule qui roule lentement, tous, nous tombons sous le charme de cette végétation qui se présente à nous. Une végétation qui est faite de grands arbres (Arko, Makoré, etc.) ayant des dizaines de mètres et datant certainement de plus de cent ans. Sur le tronc et les branches d’un arbre se trouvent entrelacées des lianes qui communiquent avec d’autres lianes entrelacées sur d’autres arbres. Le tout formant une unité de lianes semblable à un pont de lianes tissé au sommet des arbres.

Parfois, quelques-unes de ces lianes échappent à leurs branches et restent pendantes à un arbre. Les raphias, les bambous de Chine, les herbes sont quelques constituants de cette riche flore que nous avons dévoré du regard durant tout le parcours qui nous a conduits au village Banco. Un village situé à 3,5 Km de notre point de départ et constitué généralement du personnel du parc. Durant le parcours, nous avons rencontré seulement un tricycle qui avait à son bord quelques passagers quittant le parc pour se rendre en ville, en toute sécurité.

Les richesses du parc national

A l’entrée du village Banco qui est le lieu d’attraction de tous les visiteurs se trouve l’école de formation forestière qui est l’Institut National de Formation Professionnelle Agricole (INFPA). Cette école professionnelle forme les officiers et sous-officiers en foresterie. Pendant l’année académique 2021-2022, ce sont 43 élèves fonctionnaires, qui ont été formés dans cette institution.      

En plus de la qualité et de la variété de la flore dont il dispose, le parc national du Banco est un véritable site touristique. Arrivé au village Banco, l’on a vu les habitants du village, mais aussi des touristes européens qui, à vélo ou à pied sillonnaient les pistes du parc.  Après le village, le visiteur est invité à admirer les silures de la rivière Gbanco qui est proche du village. « Ce cours d’eau était très propre mais, ce sont les eaux de ruissellement venant d’Abobo pour se déverser ici qui les ont salis », explique Ouédraogo Amadé, dit ‘’ Lackman’’, un habitant du village.

Dans le mois d’avril 2022, il y a un dimanche, où nous avons accueilli 600 clients

Ensuite, c’est la ferme piscicole et le restaurant du Banco qui sont visités. Différentes qualités de poissons sont élevées dans cette ferme piscicole pour pérenniser la variété de ce bien de consommation. Cette ferme est située à côté du restaurant du Banco tenu par des jeunes très dynamiques. Ce restaurant qui est ouvert du mercredi au dimanche est achalandé, expliquent ces jeunes. « Du mercredi au vendredi pendant les jours ouvrables, le restaurant est peu fréquenté, mais les week-ends nous recevons assez de monde », indique Yoboué Konan, l’un des membres du personnel. Avant de préciser que « le vendredi dernier, (22 juillet) nous avons eu 150 clients et le lendemain (c’est-à-dire le 23 juillet), nous avons reçu 250 clients. (…) Dans le mois d’avril 2022, il y a un dimanche où nous avons accueilli 600 clients.  Ce qui veut dire que le restaurant marche et les Ivoiriens viennent de plus en plus ici », renchérit-il.        

A la suite du restaurant du Banco, cap est mis sur la découverte de la maison de la nature ou musée.  Le musée est situé sur une côte. Pour y arriver il faut monter des escaliers. Après avoir monté les escaliers, c’est une modeste cour constituée de deux bâtiments perdus au milieu des grands arbres qui s’offre au visiteur. Ouédraogo Amadé, dit ‘’Lackman’’ en est le responsable. Sous son initiative, le visiteur est guidé dans cette maison de la nature où sont exposés des crânes d’animaux dont celui des éléphants. Plusieurs squelettes d’animaux sont exposés dans une grande salle, pendant que dans une autre, des tableaux de sensibilisation sur le respect de l’environnement et des animaux y figurent.

Après le musée, ce fut la visite de l’espace aux hamacs. C’est un cadre agréable et jovial où sont dressés plusieurs hamacs de différentes couleurs. « C’est ici que certains ministres viennent pour organiser leurs cérémonies », explique Ouédraogo Amadé. A l’instar des ministères, de nombreuses autres organisations ou associations organisent des sorties-détentes, des campings dans ce parc. « C’est le cas des scouts qui ont organisé du 22 au 24 juillet 2022 un camping dans le parc national du Banco », indique notre interlocuteur. Selon lui, ce parc est généralement fréquenté par les chrétiens qui y effectuent de nombreuses sorties pour des récollections ou autres rencontres.

Pendant l’année scolaire, les élèves effectuent aussi régulièrement des sorties-détentes en ces lieux. Sans oublier les corps habillés qui viennent régulièrement pour leur camping. Le dernier lieu visité est la rivière du Banco située vers l’entrée sud, côté lavandier (fanico) contenant de gros silures. Après cette randonnée dans le parc, retour au point de départ, c’est-à-dire à l’autre entrée située à l’espace écotouristique en passant par le village Banco.            

Le parc national du Banco est-il dangereux ?

Cette question, nous l’avons posée à la quasi-totalité des visiteurs rencontrés au sein du parc. Parmi eux, figure Edoukou Joseph, qui visite pour la première fois ce parc national. Même si la réalité qu’il voit est très différente de celle qui lui avait été racontée, il émet encore des doutes sur la sécurité totale du parc. « En ville, on nous dit que ce lieu est très dangereux. Personne ne peut rentrer ici et sortir vivant. Je suis venu, j’ai vu qu’il y a des gens même qui vivent au cœur de cette forêt. Quelle grande surprise ? Je tombe des nues, j’avoue. Mais la question que je me pose, est-ce que ce n’est pas parce que nous sommes en groupe que personne ne surgit de nulle part pour nous attaquer ? Est-ce qu’un visiteur ou un touriste peut emprunter seul le chemin que nous avons pris pour venir jusqu’à dans ce village sans se faire agresser par quelqu’un qui peut surgir de n’importe quel lieu de cette forêt ? Non, là je ne crois pas. Ce parc est sécurisé, mais 0 % de risque d’agression ici je ne crois pas ».

A l’instar d’Edoukou Joseph, certaines personnes qui visitent pour la première fois ce patrimoine ont soutenu que ce qu’ils ont vu a dissipé un peu leur peur. Mais, pour s’assurer que ce lieu est vraiment sécurisé, ils reviendront une prochaine fois et chercheront à visiter des endroits plus éloignés du village pour voir s’ils ne rencontreront pas de danger.

Interrogés à leur tour, Dechy Prince, Yoboué Konan, ces jeunes qui travaillent au restaurant du Banco ont démenti toutes informations visant à diaboliser ce parc. « Effectivement, les gens disent que le Banco fait peur, que c’est un nid de bandits. Mais c’est archi-faux », soutient avec force Dechy Prince. « Cela fait plusieurs années que nous travaillons dans ce parc. On n’a jamais entendu dire que quelqu’un a été agressé en ce lieu. Ici, l’on circule aisément de jour comme de nuit sans être inquiété ». Cette information est confirmée par Yoboué Konan. Pour lui, ce n’est pas au sein du parc que les quidams commettent les actes de barbarie sur les gens. Ces actes sont commis hors du parc, généralement à Abobo, a-t-il dit. « Et c’est lorsqu’il pleut, les eaux de ruissellement transportent en ces lieux les effets des victimes et l’on croit que c’est ici que l’on commet ces actes. Non, ce n’est pas ici », a-t-il renchéri. Selon ces jeunes, à l’intérieur du parc, la sécurité est garantie de jour comme de nuit.

« Non, nous n’avons pas peur. Il n’y a rien. Il n’y a pas de danger ici »

La preuve, dira Dechy Prince, « c’est ici (montrant du doigt le lieu) à la belle étoile que nous (le personnel du restaurant) dormons ». A la question de savoir s’ils ne craignaient pas les animaux ? Après avoir souri, Yoboué Konan, répond, « Non, nous n’avons pas peur. Il n’y a rien. Il n’y a pas de danger ici », affirme-t-il, avec assurance. Les jeunes travaillant dans ce restaurant dorment à la belle étoile, sous les arbres à l’intérieur des tentes ou dans leurs hamacs jusqu’au matin. Mais ils ne sont pas les seuls à faire cela. Selon plusieurs témoignages, de nombreuses personnalités politiques dont des ministres venues se reposer en ces lieux ont parfois passé la nuit sous des tentes à la belle étoile à la place des hamacs sans être inquiétées.

Le témoignage de l’un des doyens du village

Ouédraogo Amadé appelé communément ‘’Lackman’’ est né en 1957 dans ce village. Mon père était le chef des manœuvres de ce parc. Beaucoup de choses ont été dites concernant l’insécurité dans ce parc. Ce n’est pas vrai. Malheureusement, ces histoires racontées en ville ont terni l’image du parc et porté préjudices. Je me rappelle qu’en une année, ma femme avait accouché au centre de santé d’Adjamé. Quand on a été libéré, je voulais rentrer tôt au village avant le lever du jour. C’est ainsi qu’à 5 h du matin, nous avons emprunté un taxi pour le Banco. Arrivés à l’entrée du parc, lorsque j’ai dit au chauffeur qu’on partait à l’intérieur du parc national, il a dit – En bon, et puis vous allez me tuer. Descendez de mon taxi -. Une fois descendus, le chauffeur a fermé la portière du taxi et a quitté rapidement les lieux. J’ai pris le nouveau-né dans mes bras et ma femme et moi avons marché pour arriver ici au lever du jour.

Ouédraogo à l’espace des hamacs du Banco.

Ici, une fois à l’intérieur du parc, n’ayez plus peur. Souvent, il y a des personnes qui viennent ici la nuit et leur moto les abandonne en route. Elles laissent tranquillement la moto en bordure de piste et elles marchent pour venir au village. Le lendemain, elles s’en vont récupérer leur engin sans problème. Nos enfants, parfois ils vont faire leur show en ville et reviennent ici à minuit ou 1 h du matin. Ils ne sont pas agressés. Une fois à l’intérieur du parc, une fois que le visiteur a franchi la barrière de sécurité, qu’il soit serein, en aucun qu’à, il ne peut pas être victime d’agression. Les cas d’agression dont les gens en parlent, ce sont des agressions qui se font aux abords du Banco. Les hommes sont souvent victimes de barbarie aux abords du Banco et non à l’intérieur.

 Comment se fait la surveillance du parc national ?

Retournés à l’espace écotouristique, nous avons évoqué cette question avec le capitaine Bosson, chef d’équipe surveillance et adjoint au chef secteur du Banco. Il était en compagnie de ses collaborateurs, dont l’adjudant-chef Sigui Koné. Selon le capitaine Bosson, le parc est surveillé par des agents secteur et une brigade commando. Chaque parc et réserve sur le territoire national dispose de ses agents secteur, explique capitaine Bosson. Ils sont assistés dans leur tâche par la brigade commando. Ceux-ci font régulièrement des patrouilles dans le parc qui dispose de 80 km de piste cyclables, dont 40 km seulement sont exploitées.

Ces deux équipes sont souvent appuyées par la gendarmerie nationale avec laquelle elles font des patrouilles mixtes trois fois par an ou bien une fois par trimestre. Selon le capitaine Bosson, ces fréquentes patrouilles ont permis de dissuader d’éventuels braconniers à ne pas s’aventurer dans le parc du Banco pour abattre les animaux. Mais malgré les efforts de ses agents, le chef d’équipe surveillance reconnaît qu’il existe des velléités du côté du parc qui n’est pas encore clôturé.

Il s’agit de la partie qui part de la Garderie à Abobo. « Là, il y a encore des personnes qui osent enter dans le parc pour s’adonner à la chasse. Mais, ils ne sont pas nombreux », s’empresse-t-il d’ajouter. L’adjoint au chef secteur du Banco espère qu’avec la finition de la clôture qui encerclera tout le parc, personne ne pourra y avoir accès pour pratiquer la chasse. Toute chose qui, permettra de garantir la sécurité des animaux vivant dans ce lieu. Car, à l’instar des arbres, ce parc dispose d’une faune très riche et variée avec des espèces parfois rare dans d’autres parcs et réserves du continent.

En termes de faune,  le parc contient une faune aviaire très développée. Il y en a une panoplie. Il y a des mammifères comme les ongulés, les  primates. En ce qui concerne les primates (Chimpanzés), le parc en dispose de plus d’une trentaine, selon notre interlocuteur.

« lorsqu’un animal voit un homme, il s’éloigne de lui…

En termes d’entomologie, il y a une entomofaune qui est très fournie. Au niveau herpétologique, il y a tout ce qu’il y a comme batraciens qui permet de renseigner sur l’état de santé de cette aire protégée. Donc, c’est une faune qui est assez variée. Les pythons, les marxell, les biches blanches, les antilopes royales, les buffles, etc., sont autant d’animaux que l’on rencontre dans cette nature. Mais, selon le capitaine Bosson, « il n’y a pas à avoir peur car ces animaux vivent dans le fond de la forêt du parc, loin des hommes ». D’ailleurs, dira-t-il, « lorsqu’un animal voit un homme, il s’éloigne de lui. Le serpent par exemple a une sensation très développée. Lorsqu’il se rend compte qu’il y a un homme dans les environs, il s’éloigne immédiatement. C’est pareil pour tous les animaux.  Ceux-ci ne réagissent que lorsqu’ils se sentent menacés. (…) Lors des visites dans le parc, lorsque nous rencontrons les chimpanzés, nous demandons aux visiteurs de rester tranquilles de ne pas les approcher car on ne sait quelles peuvent être leurs réactions. On s’arrête, on les regarde. On attend jusqu’à ce qu’ils libèrent la route avant de passer. Les visiteurs profitent de ce moment pour faire les photos de ces animaux. »

Les escaliers menant à la maison de la nature/ph Credo

Si capitaine Bosson et ses collaborateurs connaissent les espèces animales qui vivent dans ce parc, c’est parce qu’ils les ‘’espionnent’’ lors des suivi-écologiques qu’ils organisent chaque année. Le suivi-écologique permet à cette équipe forestière d’identifier les différents types d’animaux qui vivent dans ce parc, d’apprécier leur évolution et d’en découvrir aussi les espèces rares. Cette étude permet également de se rendre compte de la dégradation du sol, ont indiqué ces agents de la sécurité forestière.

Au bureau d’entrée du parc, pendant que nous échangions avec le capitaine Bosson et ses collaborateurs, non loin de nous, des singes sautillaient de branches en branches sur les arbres, d’autres se promenaient sur la clôture ou sur la toiture de la maison des agents forestiers. Ces singes, dira l’adjudant-chef Sigui Koné, « ils sont toujours ici avec nous. Ils viennent toujours jouer dans la cour ici avant de repartir retrouver les autres ». C’est tout en appréciant le spectacle que faisait cette famille des singes sur les branches et sur la clôture que nous avons pris congé du capitaine et de ce parc, un parc qui est une véritable merveille au cœur de la ville d’Abidjan.

Ahoussi Aka              

 

Encadré 1

Les bienfaits du parc du Banco sur les populations abidjanaises

Le parc national du Banco n’est pas seulement un espace touristique, mais cet espace pavoisé d’arbres joue un rôle important sur plusieurs aspects de la ville d’Abidjan. Selon une étude réalisée par la Fondation pour les parcs et réserves de Côte d‘Ivoire (FPRCI) et l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), il ressort que le parc national du Banco contribue efficacement à l’approvisionnement de la ville d’Abidjan en eau potable. 5 des 8 huit champs captants qui permettent d’alimenter une grande partie de la ville d’Abidjan sont relativement proches du parc national du Banco.

La ferme piscicole, les arbres du Banco

Ces champs captants en périphérique du parc national du Banco ont produit en 2016, 64% de la production d’eau par les nappes souterraines d’Abidjan et permis d’approvisionner plus de deux millions de personnes, soit 49,5 % de la population abidjanaise. Le parc national du Banco sert également à atténuer l’intensité des inondations dans la ville d’Abidjan. Selon l’étude, en absence dudit parc les risques d’inondation en saison des pluies à Abidjan sud dans les zones en aval du parc seraient plus élevés. Toujours selon les experts, dans les milieux urbains, les arbres et les espèces verts contribuent à réduire la pollution de l’air.  Avec sa variété d’arbres, le parc national du Banco demeure une réserve où les enseignants-chercheurs, les étudiants des différentes universités et des instituts de recherches viennent faire des collectes de données dans le cadre de leur thèse ou master.  

Ahoussi Aka

Encadré 2

L’importance de la maison de la nature ou musée

La maison de la nature c’est un bâtiment qui a été construit dans les années 1933. C’était la résidence secondaire du gouverneur Reste (responsable de l’aire protégée avant que cela soit érigé en parc en 1953). C’est là qu’il venait passer ces week-ends. Après son départ, l’espace a été aménagé pour accueillir des visiteurs dans le cadre de l’éducation environnementale. A l’intérieur de cette maison, il y a des expositions de planches décrivant tout ce qu’il y a comme faune, comme flore, etc.

Ces planches permettent également de décrire un peu le processus de photosynthèse qui permet aujourd’hui d’aboutir aux différentes espèces de bois qui sont exploitées au niveau de la Côte d’Ivoire. Il y a aussi des restes d’animaux comme des restes d’éléphants, de chimpanzés, de crocodiles, etc. Au finish, il y a des planches qui permettent aux enfants de pouvoir deviner un cas d’élément d’empreinte et à quelle espèce appartient ces empreintes-là.  Cela permet de tester un peu la connaissance des enfants et à la fin il y a un cahier dans lequel chaque visiteur porte ses impressions ou alors ses critiques afin d’aider l’Office ivoirien des parcs et réserves à améliorer son approche envers les visiteurs.      

 Ahoussi. A

Dans cet entretien, le directeur de zone sud de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), chargé de la gestion du parc national du Banco, le Colonel Hillihase Bakayoko, parle des initiatives mises en place par le ministère de l’Environnement via l’Oipr, pour booster les visites dans le Banco. Il ne manque pas d’évoquer les projets envisagés par l’Oipr, en vue de redorer le visage touristique du parc national du Banco.

Col. Hillihase Bakayoko : « Nous faisons l’effort de travailler à mieux faire connaître le parc »

Présentez-nous le parc national du Banco et dites-nous le nombre de visiteurs que ce parc enregistre en moyenne ?

Le parc national du Banco est la première aire protégée qui a été déclassée en octobre 1953. Cette aire protégée est la fusion de deux forêts classées notamment la forêt classée dite du Banco et une partie de la forêt classée d’Anguédédou qui aujourd’hui, constitue le parc national du Banco. En ce qui concerne les visites, nous avons par le passé commencé avec 5000 à 10 000 visiteurs quand nous sommes au pic. Nous sommes montés en période de pic à 20 000 visiteurs et aujourd’hui de 20 000, nous tendons vers 25 000 visiteurs avec des aménagements qui ont pu être faits depuis la mi-2021. Quand on parle de 20 000 visiteurs, ce sont des visiteurs que nous avons enregistrés durant toute une année. Les statistiques nous sont données chaque semaine. Nous faisons le point et à la fin de l’année on publie le cumul de visiteurs que nous avons reçus. Ce nombre de visiteurs ne prend pas en compte les visites qui ne donnent pas lieu à délivrance d’un ticket d’accès. Ce dont je parle, ce sont des visites qui donnent lieu à délivrance d’un ticket d’accès.

Evidemment, quand on compare un peu le parc national du Banco à celui de Tijucea qui est à Rio de Janeiro, au Brésil, l’écart est très grand. Le parc de Rio de Janeiro reçoit 1,5 millions de visiteurs par an alors que le parc national du Banco n’en reçoit que 20 000 visites. L’écart est tellement grand, qu’aujourd’hui plusieurs actions cumulées aussi bien au niveau du ministère de l’Environnement à travers la direction générale de l’Office ivoirien des parcs et réserves et le ministère du Tourisme, mènent des actions communes pour pouvoir améliorer ce niveau de fréquentation.

Donc nous faisons l’effort de travailler à mieux faire connaître le parc, à lever certains clichés qui, pour le commun du mortel ou du citoyen lambda paraît être un espace qui est énigme. Nous faisons l’effort de lever ces clichés et emmener l’ivoirien ou ceux qui nous font l’amitié d’être avec nous de pouvoir visiter cet espace qui est assez pittoresque et qui pourrait être paradisiaque.

Le parc, ce n’est pas seulement la flore, mais il y a aussi la faune. Quelle est la politique qui est mise en place pour protéger les espaces animales et végétales qui s’y trouvent ? Et comment se fait le suivi-écologique ? 

A l’intérieur du parc, nous avons une équipe de rangers qui patrouille de jour comme de nuit. C’est une équipe locale. Il y a également la brigade mobile qui mène des actions conjuguées pour annihiler tous les actes de vandalisme qui pourraient être perpétrées autour du parc. En dehors de ces deux aspects, il y a aussi une clôture qui est en train d’être érigée à l’ouest et sur une partie nord du parc pour optimiser la sécurisation de cet espace. Une sécurisation qui prendra en compte à la fois les aspects de pénétration, mais également de déversement des déchets, tout ce qui est liquide dans le parc.

Au niveau de la préservation de la flore, il faut dire effectivement que nous avons quelques soucis de dégradation liées un peu à tous les décapages qui ont été faits en amont du parc. Cela fait qu’aujourd’hui, lorsqu’il y a la pluie, il y a un déversement des eaux usées qui traversent le parc et qui charrient également des pneus, tout ce qui est comme déchets solides à l’intérieur du parc. Donc ça dénature un peu la qualité de ces eaux qui sont tractassées par ces eaux usées. Mais il y a également des coulées de boue qui pénètrent au niveau nord du parc et qui nous emmènent aujourd’hui à un l’ensablement du lit de la rivière Banco. Ces faits, ce sont des éléments qui sont assez négatifs dans le cadre de la conservation de cette aire protégée. Il y a également quelques actes de vandalisme qui ont cours du côté nord du parc et qui ont pour corollaire tout ce qui est dégradation du couvert forestier.

Nous avons aussi quelques actes de braconnage qu’on a pu constater à certains endroits du parc où on a pu mettre la main sur un certain nombre de contrevenants qui ont été mis à la disposition des juridictions au niveau de Yopougon. Le suivi écologique  est en fait un outil qui nous permet d’abord de faire un inventaire de ce que nous avons au niveau de la faune que de la flore. C’est un outil qui permet également de faire du monitoring pour voir comment se comporte ses populations animales qu’on a eu à identifier à l’intérieur. Le suivi écologique nous permet de renseigner notre base de données sur ce que nous avons comme contenance de cette aire protégée.

Quels sont les grands projets de l’Office ivoirien des parcs et réserves pour le parc national du Banco

Nous avons d’énormes projets pour le parc, notamment tout ce qui est d’abord aménagement. Nous avons un financement aujourd’hui qui nous aide à faire quelques aménagements à l’intérieur du  parc. On a un réceptif d’accueil qui est en cours de finalisation. Nous avons également quelques aménagements écotouristiques qui ont commencé et qui vont s’achever bientôt. Au-delà, de ces aménagements, pour donner une plus-value à la destination Parc national du Banco, nous avons aussi des projets de sécurisation des abords du parc, notamment la finalisation de l’implantation des différentes clôtures, dont la clôture du Train urbain d’Abidjan. On est en train de finaliser la clôture du Projet de transports urbain d’Abidjan (PTUA). 

Nous avons également bouclé la clôture qui est érigée par le Japon qui aujourd’hui permet de sécuriser le périmètre du parc contre les braconnages et tout ce qui découle des agressions des populations. Comme autres projets, nous avons cherché des financements pour  réaliser le projet canopy walk parce qu’on nous a fait savoir que c’est un projet qui avait été décidé depuis de longues dates et nous espérons qu’avec les démarches qui sont en cours on pourra boucler ce projet. Il y a également le projet de calow pics c’est-à-dire aménagé le sud du parc pour pouvoir installer un poney club pour permettre aux enfants d’apprendre à monter à cheval et également la mise en place d’un circuit touristique avec une randonnée à cheval.    

Interview réalisée par A. Aka                     

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