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Côte d’Ivoire, d’un congrès à un autre : Hériter, Penser, s’Engager

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Marie Timothée Koffi est professeur de Théologie catéchétique/Ph DR

Marie Timothée Koffi est professeur de Théologie catéchétique au Centre Père Mathieu Ray de Koumassi, à Abidjan. Il propose dans Credochristi.com une contribution sur l’apport des congrès des théologiens ivoiriens et la catéchèse tenue à Rome, en portant un regard sur le thème jubilaire de l’évangélisation en Côte d’Ivoire.

L’Église au souffle de l’Esprit s’est toujours arrêtée pour s’interroger sur sa vie, sa mission au cœur du monde, au cœur des cultures, qui aujourd’hui constituent pour elle-même et pour les peuples un  lieu de dialogue……

« Le terme ‘’aculturation ou inculturation’’… exprime fort bien l’une des composantes du grand mystère de l’incarnation. De la catéchèse comme de l’Évangélisation en général, nous pouvons dire qu’elle est appelée à porter la force de l’Évangile au cœur de la culture et des cultures…Pour cela, la catéchèse cherchera à connaître ces cultures et leurs composantes essentielles ; elle en apprendra les expressions les plus significatives ; elle en respectera les valeurs et richesses propres. C’est de cette manière qu’elle pourra proposer à ces cultures  la connaissance du mystère caché et les aider à faire surgir de leur propre tradition vivante des expressions originales de vie, de délibération et de pensée chrétienne », affirmait Jean Paul II, Catéchesi Trdendae, n°53.

Ce que Saint Jean Paul II affirme de la catéchèse et de l’Évangélisation en général, s’applique aisément et avant tout  à la théologie… au théologien. Le théologien a pour fonction de clarifier, d’approfondir, de systématiser, relier à la Tradition. Nous pouvons avancer encore que la théologie répond à la nécessité vitale de fournir un fondement de systématiser et approfondir scientifiquement le vécu de la foi et de la pratique ecclésiale, tandis que la catéchèse se met au service de la maturation progressive de la foi ; des personnes et des groupes concrets en proposant une démarche mettant en lien le message chrétien et les exigences, les problèmes et les attentes des hommes.’’ (CF. E. Alberich, 1982). Enfin, avec Coudreau, on peut dire que la théologie est surtout étude et réflexion sur la parole de Dieu, tandis que la catéchèse est plutôt une actualisation et communication de cette parole.

Avec tout ce qui précède nous viendrons faire à notre humble niveau le lieu entre deux évènements. Le 1er congrès des théologiens ivoiriens à Yamoussoukro du 11 au 14 septembre 2018 et le congrès international de catéchèse à Rome du 20 au 23 septembre 2018. Les thèmes étaient les suivants : ‘’125 ans d’Évangélisation de la Côte d’Ivoire : Penser la Foi aujourd’hui ! Pour le premier  congrès des théologiens ivoiriens et pour le congrès de catéchèse : ’Le catéchiste, témoin du mystère’’.

Faire le lieu entre ces deux congrès sur la nécessaire relation entre le théologien et le catéchiste sera aussi l’occasion de nous poser quelques questions sur la maturité de la foi du fidèle chrétien africain… Ivoirien. Les questions vont simplement s’adosser à la mission de transmission de la Foi de  tous les fidèles du Christ. Au regard de l’évolution de nos communautés ecclésiales et de nombreux autres mouvements ecclésiaux et ce en lien avec les interrogations suscites par leur mission dans l’Église de Côte d’Ivoire ; se  pose nécessaire la question de la transmission de la foi…orthodoxie et orthopraxis du don de la foi.

Hériter, Penser, s’Engager

 Saint Paul, le grand missionnaire est la figure Bible qui nous ouvre à cette réflexion. Saint Paul…‘’théologien’’  ‘’catéchète’’ et missionnaire. En bon lecteur de l’Ancien Testament ; il a su tirer de son héritage (la  foi Juive) une réflexion sur le mystère de la personne du Christ au-delà de son humanité et accueillir cette révélation comme la ‘’ source et le sommet’’ de sa mission à la suite du Christ et des douze. Saint Paul met devant nous une mission que nous devons assumer sans complexe sans faux jugement afin de  permettre à la foi chrétienne d’irriguer nos vies et contrées et de leur donner la Vie Divine. Œuvrer pour un christianisme qui rejoint l’homme africain… l’Ivoirien dans ses aspirations les plus intimes… Œuvrer afin que le message de libération totale du Christ Rédempteur de l’homme touche le chrétien dans son entièreté.

Au regard de toutes ces évangélisations et aux échos qui nous parviennent la question de la formation se fait jour. ‘’Trop d’évangélisateurs’’ sont de véritables ‘’ignorants’’ des fondamentaux de la foi chrétienne ; et pour pallier à cette ‘’incompétence’’ finissent par ‘’être prophète’’ prononçant des ‘’ décrets’’ divins sur les personnes et leurs vies. La prière n’est plus une relation que l’on a au nom de sa foi et qui doit grandir avec Dieu, mais plutôt considérée comme un juste moment, où Dieu doit manifester sa Seigneurie devant démons et maux. Ces messages et formes d’évangéliser ont plus tendance à déconnecter le croyant de sa vie intime avec le Christ, pour l’établir dans une espérance qui paralyse sa volonté de se consacrer totalement au Christ, on fait de Dieu celui qui doit pourvoir à nos moindres besoins ! Nous avons devant nous une chance inouïe pour l’Église Famille de Dieu en Afrique en Côte d’Ivoire, si et seulement si, nous sommes capables de rectifier le tir. Sinon nous aurons des chrétiens désincarnés vivants dans l’illusion d’un Dieu qu’ils auront forgé au gré des évangélisations ci et là.  Comment rectifier le tir ?

En acceptant de nous former afin de nous ouvrir à l’Église et à son expertise qui rendra nécessairement service à ce mouvement toujours dynamique. La formation c’est aussi l’assurance d’une mission qui se veut du Christ lui-même et non une mission auto-donnée. Faut-il repenser nos circuits de formation pour  les laïcs ? Nous pensons que oui. Non pas en important des stratégies élaborées ailleurs mais en repensant nos modes  de transmissions de la Foi en inculturant nos méthodes et pédagogies catéchétiques… en permettant à la théologie et a la catéchétique de déployer toutes les virtualités de la pédagogie chrétienne dans le terreau qui est le nôtre. Sans polémiques inutiles, il est important de penser la Foi vraiment  aujourd’hui pour la transmettre dans le contexte ivoirien lui assurant ainsi un processus de maturité afin de sortir du catéchisme de notre enfance. On ne fera pas de tous des théologiens, mais ils seront susceptibles et capables de rendre compte de la foi au Christ au cœur même de leur joies et espérance. Et comme le propose le congrès international de catéchèse, nous sommes tous témoins du mystère… du mystère du Christ qui est à croire, célébrer, vivre et prier afin de l’annoncer.

125 ans après, l’évangile a-t-il atteint nos cœurs pour les ouvrir au mystère du Christ ? Sommes-nous des témoins du Christ ? À voir nos réactions aux seins de nos communautés, de nos familles… de la société, nous sommes exhortés à vivre vraiment du Christ afin d’en témoigner. Dans la perspective du plan stratégique de l’Église de Côte d’Ivoire  s’élaborera un projet d’évangélisation du fidèle du Christ en Côte d’Ivoire pour évangéliser en profondeur notre Église et la société ivoirienne ! 125 ans après, la foi en terre d’Eburnie a donné de nombreux et beaux fruits, il nous faut les valoriser non seulement comme des talents à nous donner mais aussi comme réflexion pour l’avenir et enfin comme l’engagement missionnaire pour une présence au cœur de la vie de la société Ivoirienne. Être véritablement levain dans la pâte…  Ce n’est qu’à ce prix que nous confesserons une foi au fils de l’homme qui est aussi Fils de Dieu et devenir nous-même de ‘’petits Christ’’ en marche avec l’humanité afin qu’elle découvre sa vocation authentique… Lex Credenti… Lex oranti :

        

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